Une étude du ministère du Travail montre que la proximité et la visibilité des syndicats sont un facteur clef de syndicalisation.

Revue de Presse

Portrait-robot des représentants du personnel en entreprise

Source : lesechos.fr (29 janvier 2019)

Le chiffre est important. En 2017, 78 % des salariés déclaraient disposer d’élus du personnel ou de délégués syndicaux sur leur lieu de travail… Et 7 % ne savaient pas qu’ils en disposaient. Au total, plus de 600.000 salariés exerçaient alors au moins un mandat représentatif dans leur entreprise hors agriculture, selon une étude que vient de publier la Direction de la recherche du ministère du Travail (Dares).

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Pas de cumul généralisé

Ces travaux, qui s’appuient sur une enquête réalisée au cours du premier semestre 2017, dressent pour la première fois le portrait de ces salariés représentant leurs collègues dans les entreprises de 11 salariés et plus. Ils battent en brèche deux idées reçues. La première est celle d’un cumul généralisé des mandats  : seuls 20 % des représentants exercent un deuxième mandat électif. Pas suffisant pour amortir  la réduction du nombre d’élus dans les nouveaux Conseil sociaux et économiques issus de la fusion des CE, CHSCT et délégués du personnel.

L’étude montre aussi un renouvellement important des représentants du personnel alors que  la réforme du Code du travail a prévu de limiter à trois le nombre de mandats consécutifs  : près de six sur dix déclarent détenir leur mandat depuis quatre ans au plus (soit un premier mandat) et près d’un quart depuis cinq à neuf ans (deux cycles électoraux). Il y a en outre autant de très récents élus (moins d’un an de mandat) que de vieux routiers (10 ans de mandat au moins)  : autour de 15 %.

L’étude confirme en revanche que rares sont les jeunes salariés fraîchement embauchés qui se lancent dans l’aventure. 60 % des élus y travaillent depuis plus de douze ans et 65 % ont entre 40 et 59 ans.

Enjeu du contact direct

«  La stabilité de l’emploi et la connaissance du lieu de travail constituent souvent des conditions préalables à l’engagement dans un mandat pour représenter les collègues ainsi qu’à la décision d’adhérer à un syndicat », explique Maria Teresa Pignoni, l’auteure de l’étude.

Les travaux publiés par la Dares se penchent aussi sur la présence syndicale dans les entreprises, et sur ce sujet aussi ils sont riches d’enseignements. Un quart des salariés sans mandat de représentation du personnel et un tiers des représentants du personnel expliquent leur non-adhésion par l’absence de syndicat dans leur entreprise et c’est encore plus vrai pour les ouvriers et les employés. Cet enjeu du contact direct est déterminant pour l’adhésion. Pour un quart des salariés syndiqués, c’est «  l’invitation de la part d’un collègue » qui a été à l’origine de la décision.

Le fait de rencontrer des problèmes dans l’entreprise est aussi un facteur déterminant de l’adhésion  : elle est citée par 28 % des salariés et 22 % des représentants du personnel. A l’inverse, la crainte de se voir pénaliser dans sa carrière est, quant à elle, évoquée par 16 % des salariés non élus et à peine moins d’élus (15 %) comme un frein à la syndicalisation