Guerre des prix dans les télécoms : les opérateurs calment le jeu

Revue de Presse

Source : latribune.fr (3 octobre 2019)

Bouygues Telecom et SFR ont décidé, la semaine dernière de remonter le prix de leurs offres mobiles d’entrée de gamme. (Crédits : Reuters) Bouygues Telecom, SFR (via sa marque Red) et Iliad (Free) ont récemment rehaussé le prix de leurs offres d’entrée de gamme dans le mobile.

Faut-il y voir le signe d’une fin de la guerre des prix dans les télécoms ? C’est très possible. La semaine dernière, Bouygues Telecom a décidé d’augmenter de 2 euros son forfait mensuel mobile d’entrée de gamme B&YOU, à 11,99 euros, qui inclut 50 gigaoctets de données. Dans la foulée, SFR a marqué l’opérateur de Martin Bouygues à la culotte. Il a fait de même en augmentant de 2 euros (à 12 euros) son forfait d’entrée de gamme, qui comprend 60 gigaoctets de data. Ce mercredi, Iliad a aussi suivi, passant son forfait promotionnel à 8,99 euros pour les nouveaux clients, à 9,99 euros, avec également 60 gigaoctets de données.

C’est un signal important. Après des années de guerre des prix et de promos, c’est la première fois que les opérateurs semblent globalement tous d’accord pour arrêter les frais, et remonter un peu les tarifs. Interrogé par La Tribune, un opérateur affirme qu’ «  il faut recréer de la valeur devant tous les investissements à venir ». Dans une note publiée ce matin, Stéphane Beyazian, analyste chez MainFirst, n’y va pas par quatre chemins.

«  C’est une confirmation que le marché français a pris le chemin de l’augmentation des prix, écrit-il. Tous les opérateurs essuient la pression des investisseurs […] pour entrer dans un cercle vertueux en matière de tarifs. »

Le fait que Free a décidé de se joindre à Bouygues Telecom et à SFR est un message fort. En difficulté, l’opérateur de Xavier Niel a perdu, au premier semestre 2019, quelques 77.000 clients mobiles.

Analyste chez Oddo BHF, Alexandre Iatrides qualifie ces augmentations de «  structurantes ». On est loin, selon lui, des forfaits promotionnels à 5 euros dégainés par Red et Bouygues Telecom au troisième trimestre 2018.

«  Tous les opérateurs ont été éprouvés ces dernières années, explique-t-il. Aujourd’hui, même Iliad, qui souffre, se montre discipliné sur les prix. Ils acceptent de perdre des clients pour recréer de la confiance vis-à-vis des concurrents. Les augmentations demeurent assez faibles, mais elles montrent une direction. »

De manière générale, beaucoup estiment que si les opérateurs semblent se montrer moins agressifs, c’est parce qu’ils n’ont plus tellement le choix. Dans le sillage du déploiement de la fibre et de la 4G, leurs investissements n’ont jamais été aussi élevés. Ils titillent désormais les 10 milliards d’euros par an. Et ce n’est pas fini ! L’an prochain, les Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free vont devoir, en plus, consacrer de gros moyens au déploiement de la 5G. Avant cela, à l’automne, ils casseront la tirelire pour acheter les précieuses fréquences nécessaires à cette nouvelle technologie. Les circonstances semblent réunies pour une fin progressive de la guerre des prix. Mais difficile, pour autant, d’être encore catégorique dans un marché aussi concurrentiel, changeant, et où personne ne se fait de cadeau.