Arrêts maladie : Buzyn ferme la porte au jour de carence obligatoire dans le privé

Revue de Presse

Source : lesechos.fr (9 octobre 2019)

Pour lutter contre la hausse des dépenses liées aux arrêts de travail, la Cour des comptes préconise d’appliquer aux salariés du privé les conditions de la fonction publique. Lors d’un entretien aux «  Echos », la ministre de la Santé s’y est opposée.

Malgré l’augmentation régulière des dépenses liées aux arrêts maladie, l’exécutif a visiblement choisi la méthode douce. Dans  un entretien aux « Echos » publié mardi, Agnès Buzyn a en effet écarté l’idée d’instaurer un jour de carence obligatoire pour tous les salariés, pourtant préconisée par plusieurs rapports.

«  Contre l’augmentation du coût des arrêts de travail, il n’y a pas de recette miracle consensuelle. Plus on partira tard, plus les indemnités vont augmenter. Mieux vaut faire de la prévention pour vieillir en bonne santé  : arrêt du tabac, limitation de l’alcool… », a indiqué la ministre de la Santé.

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Dans un rapport publié mardi, la Cour des comptes recommandait pourtant l’instauration d’un «  jour de carence d’ordre public » pour tous les salariés en arrêt maladie (hors accident du travail, maladie professionnelle ou maternité).

Effets incertains

L’idée, déjà proposée par la  mission Bérard-Oustric-Seiller en février, était de traiter les salariés du privé comme les fonctionnaires, dont le premier jour non travaillé n’est pas indemnisé – toute prise en charge par un organisme de prévoyance est même interdite. Une façon de «  responsabiliser » les salariés et d’envoyer un message à l’ensemble des acteurs  : assurés, médecins, et employeurs.

L’effet d’une telle mesure sur les comptes de l’assurance-maladie est toutefois incertain, reconnaissent les Sages de la rue Cambon. Par ailleurs, les éventuelles économies qui en découleraient profiteraient davantage aux entreprises qui compensent actuellement les jours de carence, plutôt qu’aux finances publiques.

Les arrêts de courte durée coûtent peu à l’assurance-maladie

Politiquement risquée, l’option semble donc avoir été mise de côté par l’exécutif. D’autant que «  la hausse des coûts est majoritairement due aux arrêts de longue durée de patients âgés qui souffrent de maladies graves. Les gens partent de plus en plus tard à la retraite, or entre 60 et 65 ans, le risque de cancer ou d’accident vasculaire est plus élevé », a rappelé Agnès Buzyn.

En 2017, les arrêts maladie de 8 jours ou moins, qui représentaient 45 % du volume total, ont coûté 308 millions d’euros – soit 4,2 % des 7,4 milliards d’euros d’indemnités journalières versées pour ce motif. Si l’on élargit le champ à 30 jours maximum, on parvient à 75 % du volume total des arrêts maladie, pour des dépenses de 1,3 milliard d’euros.

Dans le même temps, les arrêts maladie de plus d’un an (3 % du volume total), ont coûté 1,8 milliard d’euros à l’Assurance maladie, selon la Cour des comptes. Soit près d’un quart des dépenses.