Huawei : les opérateurs télécoms français critiquent les lenteurs de l’administration

Revue de Presse

Source : lesechos.fr(15 janvier 2020)

Les opérateurs télécoms ont envoyé à l’Anssi leurs dossiers d’autorisation pour installer des antennes 5G chinoises. Mais ses experts de cybersécurité multiplient les demandes de précisions, retardant ainsi le processus. Certains y voient une manoeuvre, le risque étant que si l’Anssi devait refuser des équipementiers aux opérateurs avant l’attribution prochaine des fréquences 5G, prévue en avril, ceux-ci pourraient réviser à la baisse leurs enchères.

Huawei détient une part de marché de 40% sur les antennes de téléphonie mobile en Europe et compte maintenir cette avance avec la 5G (ici à Londres). (Simon Dawson/Bloomberg)

Par Sébastien Dumoulin, Raphaël Balenieri

Publié le 15 janv. 2020 à 18h39Mis à jour le 16 janv. 2020 à 12h05

L’incertitude des opérateurs télécoms sur la possibilité ou non d’utiliser les antennes 5G de Huawei pour leurs nouveaux réseaux mobiles persiste. Pire, elle se renforce, à en croire plusieurs spécialistes du secteur.

Sur le papier,  la loi sur la sécurisation des réseaux mobiles (surnommée «  anti-Huawei ») a pourtant clarifié les choses. Avant d’utiliser un équipement 5G, les opérateurs doivent obtenir le feu vert de l’Anssi, l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information, qui dépend de Matignon, et qui a deux mois pour étudier leurs dossiers.

Fin décembre, dans la foulée de l’entrée en application de la loi «  anti-Huawei », Orange, SFR et Bouygues Telecom ont ainsi tous les trois voulu tester l’eau du bain, en déposant  des dossiers d’autorisation pour des déploiements d’antennes 5G chinoises sur le territoire hexagonal.

Ces derniers sont actuellement examinés par l’Anssi. Seulement voilà, selon plusieurs sources, les cyber-experts tricolores multiplient les demandes de précision.  «  Comptez vous activer toutes les fonctionnalités ? »,  «  Avez-vous déjà testé ces équipements ? »,  «  Pouvez-vous nous envoyer la carte considérée pour la demande ? »…

Silence vaut refus

Pour les télécoms, si toutes ces questions ne sont pas aberrantes, certaines sont de futiles prétextes.  «  Ce n’est pas sérieux, grince-t-on chez un opérateur concerné. S’ils cherchent à gagner du temps de cette façon, c’est une erreur. Un tribunal ne leur donnerait jamais raison, la jurisprudence est très claire. »

En réalité, ce que redoutent les opérateurs, c’est que l’Anssi traîne délibérément les pieds pour ne pas avoir à afficher un refus d’autorisation en amont des attributions des très attendues fréquences 5G, prévues en avril. Le risque, si des équipementiers devaient être refusés aux opérateurs par l’Anssi avant cette date, c’est que ceux-ci seraient fragilisés et pourraient alors revoir à la baisse leurs mises pour les enchères 5G…