Source : zdnet.fr (12 Janvier 2015)
Cloud Computing : Il ne peut en rester qu’un, et il devrait s’agir de Numergy. Orange négocie le rachat de 100% du capital de Cloudwatt, un des deux acteurs de Cloud souverain financés en 2012 par l’Etat. La démonstration d’une erreur politique (partagée) et de l’échec du Cloud souverain ?
La France a besoin de champions nationaux pour riposter à la domination des géants américains du Cloud. C’est en substance ce qui avait justifié le choix de l’Etat de financer, à hauteur de 150 millions d’euros, la création de deux projets de Cloud souverain.
Deux sociétés, Numergy et Cloudwatt, ont ainsi été fondées en 2012. Et moins de trois ans plus tard, il ne devrait bientôt en rester qu’une selon des informations de Channel News et des Echos. En effet, Orange, co-actionnaire de Cloudwatt (44,4%) est en passe de racheter le capital détenu par la Caisse des Dépôts (33,3%) et Thales (22,2%). Les négociations viennent tout juste d’être officialisées par Orange via un communiqué. L’opérateur précise toutefois que le rachat figure « parmi les options envisagées », mais sans citer d’autres scénarios possibles.
Fusionner Numergy et Cloudwatt ? Option trop compliquée
Toujours d’après nos confrères, les discussions en ce sens, confirmées donc par Orange, progressent et « les trois acteurs sont entrés en phase de due diligence ». Orange pourrait ainsi détenir 100% du capital de l’entreprise de Cloud souverain dès mars prochain.
Quant à l’hypothèse d’un rapprochement entre Numergy et Cloudwatt, souhaitée par la secrétaire au numérique Axelle Lemaire, elle n’a semble-t-il pas été envisagée par les parties. Il faut dire que la composition de l’actionnariat de Numergy compliquent les discussions.
Les deux actionnaires initiaux de la société (aux côtés de la CDC), Bull et SFR, ont en effet changé de propriétaires et appartiennent désormais à deux concurrents directs d’Orange, à savoir Atos et Numericable.
Par ailleurs, en reprenant l’intégralité du capital de Cloudwatt, Orange entend simplifier la gouvernance, jusqu’ici partagée et problématique, afin ainsi « d’accélérer le développement commercial » d’après nos confrères des Echos et de Channel News.
L’Etat va-t-il récupérer ses 75 millions d’euros de départ ?
Pour Orange, un tel scénario permettrait « de renforcer son offre de services de cloud computing pour les entreprises ». « L’offre de Cloudwatt, complémentaire à celle d’Orange, représente une opportunité pour accélérer le déploiement d’offres de cloud public souverain en France et en Europe » ajoute le candidat au rachat.
Si la reprise de Cloudwatt se confirme, elle ne devrait pas manquer de faire réagir les détracteurs du projet Andromède qui dénonçaient, notamment, en 2012 une erreur politique et un coup dur pour les PME françaises du Cloud déjà implantées.
« Si la France veut voir émerger des champions nationaux sur le marché du Cloud, il faut mettre les moyens. La compétition se fait avec les champions disposant d’importants moyens capitalistiques. Car en face à nous, il y a des géants. C’est face à des sociétés comme Amazon, Google, Microsoft que se joue la concurrence. Dans ce contexte, la pérennité de l’acteur, son image, sa solidité ont un poids bien réel » répondait le président de Numergy, Philippe Tavernier.
Dans son communiqué, Orange prend bien soin de souligner la participation positive l’Etat, qui aurait ainsi joué son rôle et pourrait donc sortir de Cloudwatt la tête haute. « L’Etat, initiateur du projet, aura rempli son rôle en contribuant à lancer une offre de cloud public capable de rivaliser avec les meilleurs tout en garantissant une souveraineté des données » met en avant l’opérateur.
L’Etat a-t-il véritablement joué son rôle ? La réponse dépend sans doute en partie du prix auquel la Caisse des Dépôts cédera sa participation dans le capital de Cloudwatt. Peut-elle encore prétendre, a minima, recouvrer sa mise de départ de 75 millions d’euros ?