Après l’adoption, le télétravail à l’heure de la consécration en 2021 ?

Revue de Presse

Source : latribune.fr (4 janvier 2021 )

Bouleversement économique, immobilier, organisationnel, humain… le recours au télétravail a profondément modifié le tissu professionnel des grandes métropoles. Au printemps, des millions de salariés ont basculé en travail à distance, souvent dans la précipitation. Si le télétravail est moins répandu au cours du second confinement de la fin d’année, les ressources humaines pensent sérieusement à mettre en place un télétravail plus pérenne pour l’avenir. Alors quitter Paris, ça vous ‘télétravaille’ toujours ?

ENCADRER LE TELETRAVAIL EN FRANCE

8 millions de télétravailleurs potentiels en France

La pandémie a bouleversé les modes d’organisation dans les entreprises. Au premier confinement, des millions de salariés ont basculé dans l’urgence en télétravail. Beaucoup d’entreprises et salariés ont alors été complètement déboussolés lors de cette mise sous cloche improvisée de l’économie tricolore au printemps. Si le second confinement a également entraîné une nouvelle massification du télétravail, les règles sont bien plus souples et les entreprises ont été mieux préparées pour affronter cette nouvelle décision. Il reste que les répercussions macroéconomiques du travail à distance sont loin d’être tranchées…

Côté protection des salariés, la France à la traîne de l’Europe

La pratique du télétravail a explosé en Europe avec la crise sanitaire. Mais, d’un pays à l’autre, les conditions d’exercice ne sont pas du tout harmonisées. Ainsi, au Portugal, des droits pour les télétravailleurs ont été actés dès 2015 : de fait, tous les frais générés par l’activité professionnelle sont à la charge de l’employeur, connexion internet comprise. En Espagne, depuis septembre, la législation a fait un grand pas. En France, on est loin de cette situation…

https://www.latribune.fr/entreprises-finance/teletravail-cote-protection-des-salaries-la-france-a-la-traine-de-l-europe-863064.html

L’accord en France sur le télétravail est-il une mascarade ?

Frais professionnels, volontariat ou déconnexion…, l’accord national interprofessionnel sur le télétravail s’apparente à un ‘guide de bonnes pratiques’ pour l’entreprise, n’apportant ‘rien de nouveau’ au salarié, estiment des experts du droit du travail, pour qui le temps des accords fixant des règles contraignantes est révolu.

Éligibilité des postes au télétravail, volontariat, réversibilité (retour du salarié sur son lieu de travail), dispositions précises sur le télétravail en temps de crise (épidémie, catastrophes naturelles…), droit à la déconnexion, vie privée… ‘rien n’est contraignant dans cet ANI creux’, estime Emmanuel Dockès, professeur de droit social à Lyon 2. Or, avance Virginie Devos, du cabinet August Debouzy (employeur), si les contentieux autour du télétravail ont jusqu’à présent été ‘rares’, ils risquent de se développer à l’avenir, avec l’explosion de cette forme de travail…

LES CADRES & LE TELETRAVAIL

Les cadres, nouveaux adeptes du télétravail

Une écrasante majorité des cadres du privé veut désormais télétravailler ‘à l’avenir’, et près d’une moitié souhaite y recourir ‘deux à trois jours par semaine’, selon un sondage mené par l’Apec mi-décembre.

Les cadres du privé ‘aspirent ainsi à un modèle hybride, mêlant télétravail et présentiel, escomptant gagner par ce biais en temps et en sérénité’, note l’Apec. Mais le télétravail en mode ‘confiné a révélé aux cadres le risque d’isolement et le besoin d’un environnement adapté pour télétravailler dans de bonnes conditions’…

Les Parisiens veulent télétravailler plus, mais pas trop

Le télétravail, en explosant avec la Covid, a fait des adeptes : les salariés de Paris et sa petite couronne veulent travailler plus de jours par semaine à la maison, mais en conservant leur bureau comme lieu d’exercice principal.

Les salariés sont même loin de vouloir revivre le confinement : 63% des personnes interrogées souhaitent travailler la majorité de leur temps au bureau (au moins trois jours par semaine). Ils ne sont que 8% à vouloir travailler exclusivement à distance…

MANAGER LE TELETRAVAIL

Le télétravail consacre la mort du ‘petit chef’

Pendant que les personnels soignants, la «  première ligne » et les professions essentielles (logistique et distribution), la deuxième ligne, étaient au front, 36% des actifs ont expérimenté pendant ces deux mois de confinement le travail à distance. Soit 8 millions de Français qui ont travaillé de la maison, et l’ont plus ou moins bien vécu selon l’état de préparation de leur entreprise, leur structure familiale (avec et sans enfants) et leurs conditions de logement…

 Le télétravail va-t-il changer la face du monde ?

 En ces temps de confinement, pas un jour ne s’écoule sans que s’exprime le désir d’un ‘monde d’après’. L’expérience du télétravail est de celles qui nourrissent les espoirs. N’ayant eu d’autre choix, nous aurions levé les inhibitions, progressé dans l’usage des technologies, et démontré qu’il est possible de fonctionner à distance autrement que ponctuellement…

Après le déconfinement, un coup de frein sur le télétravail !

Après plusieurs mois de télétravail (forcé) pendant la crise sanitaire, nombre d’entreprises rappellent leurs employés dans leurs locaux, suscitant une certaine incompréhension, et tentent de négocier des accords pour trouver la juste dose de travail à distance.

Si seulement un quart des salariés travaillaient sur site fin mars, ils étaient déjà 50% fin mai. Fin juillet, le télétravail, en plein essor avec le confinement, ne concernait plus qu’un salarié sur dix, selon les dernières données du ministère du Travail…

Avec le télétravail, il y a tout un management à réinventer

La crise a précipité des millions de personnes dans le télétravail en seulement quelques jours. Pour la chercheuse au CNRS et enseignante Aurélie Leclercq-Vandelanoitte, le télétravail n’est ni bon, ni mauvais. C’est une question de dosage et il doit s’inscrire dans un projet d’entreprise…

Pourquoi le télétravail obligatoire est un véritable risque psychosocial

Une proportion significative de salariés est très favorable au télétravail. Les raisons invoquées. D’abord les transports lorsqu’ils sont longs et coûteux, d’autant que le masque accroît leur pénibilité. La crainte de la contagion est plus ou moins forte selon les personnes, celles réputées « à risque » ont pris la pleine mesure de leur situation, ainsi que les salariés qui cohabitent avec elles.

Il existe ensuite de moins bonnes raisons à la préférence pour le télétravail. Derrière la proximité potentiellement contagieuse des collègues, il y a le bruit qui empêche de se concentrer. C’est donc aussi pour fuir la promiscuité des open-space et l’impossibilité de se concentrer que nombre de salariés « préfèrent » le télétravail. Enfin, et ce n’est pas anecdotique, c’est également parfois pour fuir leurs collègues ou leur management que certains salariés apprécient de rester à la maison. De ce point de vue, la préférence pour le télétravail est parfois le reflet inversé de l’ambiance de travail en présentiel..