Source : silicon.fr (26 Janvier 2015)
Stéphane Richard estime qu’il n’est pas impensable d’imaginer un marché composé de trois ou quatre opérateurs en Europe.
« L’Europe a été trop loin dans la fragmentation de l’industrie des télécom et a besoin de se consolider aujourd’hui, c’est ce que nous allons voir dans les prochain mois. » A l’occasion du Forum économique mondial à Davos, Stéphane Richard est revenu sur la question de la consolidation du secteur des télécoms devant la caméra de Bloomberg TV..
Pour le patron d’Orange, « les choses vont vite aujourd’hui ». S’il était difficile d’imaginer un mouvement de concentration il y a encore trois ans, à cause de volonté politique de la Commission européenne d’entretenir un secteur très concurrentiel, le dirigeant constate « un mouvement économique qui vient des entreprises, plus ou moins, contre la régulation ». Ces derniers mois, les acquisitions se sont en effets succédées en Europe autour d’acteurs comme Vodafone, Hutchison, Telefónica ou, plus récemment, BT (avec le rachat de EE au Royaume-Unis) et Orange (qui tente d’acquérir Jazztel en Espagne), et qui devrait se poursuivre avec le rachat en vue de O2/Telefónica par Hutchinson Whampoa (pour quelques 13 milliards d’euros).
Trois ou quatre gros acteurs européens
Autant d’opérations qui se limitent à redessiner le paysage télécoms au sein des frontières des pays concernés. Car, pour l’heure, « l’Europe en tant qu’industrie des télécoms n’existe pas ». Le secteur est composé de 28 marchés et d’autant de régulateurs et autorités de la concurrence, a rappelé Stéphane Richard. Pour lui, il n’est pas impensable d’imaginer que trois ou quatre opérateurs pourraient se partager le marché européen comme c’est le cas aux Etats-Unis (quatre opérateurs principaux), en Chine ( « trois opérateurs pour plus d’1 milliard de personnes ») ou au Japon (trois opérateurs) car Bruxelles a engagé la construction du marché unique des télécoms. Mais « il faudra peut-être encore 10 ans avant de voir, peut-être pas deux, mais trois ou quatre gros acteurs européens ».
Stéphane Richard s’est bien gardé de citer des noms, d’autant que le secteur bouge très vite. Mais Vodafone, Telefónica, Deutsche Telekom et Orange constituent les acteurs du secteur les plus probables avec des chiffres d’affaires annuels de plus de 40 milliards d’euros et présents dans plusieurs pays européens. En France, où le secteur n’est pas à l’abri d’un retour à trois opérateurs, Orange aura désormais fort à faire avec Numericable-SFR qui dispose d’une avance certaine dans l’infrastructure très haut débit fixe à l’heure où les investissements sont nécessaires pour déployer les réseaux fibres dans le cadre du plan gouvernemental France très haut débit (THD).
Le PDG de l’opérateur historique est également revenu sur sa stratégie d’investissement dans les contenus. « Les acteurs télécoms sont des distributeurs de contenus, leur rôle n’est pas forcément de les créer. » Une vision éloignée de cette du britannique BT, qui achète à prix d’or les droits de retransmission du foot, que Stéphane Richard justifie par la nécessité d’investir dans le réseau. « On ne peut pas tout faire, il faut faire des choix. Si je devais investir […] 600 ou 700 millions d’euros pour acquérir les droits du foot en France, cela représenterait près de 20% de nos dépenses. » Un investissement qu’Orange n’a pas les moyens de faire. « Je ne vois pas aujourd’hui comment justifier un tel investissement dans les médias », a-t-il tranché.