Huit salariés sur dix veulent pérenniser un télétravail à la carte

Revue de Presse

Source : lepoint.fr (26 mai 2021 )

Une large majorité de Français sont favorables à la mise en place d’un à trois jours de télétravail par semaine, selon un sondage dévoilé par «  Le Parisien ».

Le «  monde d’après » sera-t-il celui du retour au bureau ? Rien n’est moins sûr. Alors que certains salariés n’ont que rarement quitté le télétravail depuis plus d’un an et l’instauration du premier confinement national, un allègement du protocole sanitaire est prévu le 9 juin, deuxième phase du retour à la vie normale orchestré par le gouvernement. Concrètement, à partir de cette date, le télétravail sera assoupli et les entreprises pourront sans doute reprendre la main sur le nombre minimal de jours à distance par semaine. Mais les Français sont-ils prêts à revenir «  en présentiel » ?

Le baromètre d’OpinionWay pour le cabinet Empreinte humaine, que Le Parisien dévoile en exclusivité, indique plutôt que les travailleurs ont pris goût à cette méthode. Ainsi, un salarié sur deux affirme ne pas vouloir revenir comme avant. Une proportion qui grimpe à 74 % pour les télétravailleurs. Et pas moins de huit salariés sur dix veulent pouvoir pérenniser un mode hybride, où ils pourraient télétravailler un à trois jours par semaine.

Le retour au bureau, vecteur de «  beaucoup de craintes »

Un système pas si simple à mettre en place pour Christophe Nguyen, auteur de l’étude et président d’Empreinte humaine, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux. «  La pérennisation du télétravail devra passer par des évolutions managériales, des changements d’organisation du travail et notamment la réduction de la taille des équipes pour un manageur (interrogé) sur deux », explique-t-il. Pour lui, «  cet atterrissage d’après crise ne pourra se faire que progressivement dans les entreprises, le temps de dialoguer pour apprendre ce que ne veulent plus faire les salariés. » Car si la majorité d’entre eux pense que le retour au bureau est nécessaire pour la cohésion d’équipe, il existe «  beaucoup de craintes », détaille Christophe Nguyen. Et de citer «  la qualité du management, des relations et de l’organisation du travail post-crise », qui sera, selon lui, «  décisive ».

En effet, d’après l’enquête, un retour serein au bureau ne se fera pas sans un renouvellement profond des pratiques de management, à savoir un regain de confiance, d’autonomie et d’écoute pour les salariés. Ni sans l’élaboration d’un autre type d’organisation. «  Le télétravail a fait prendre conscience qu’il y avait beaucoup trop de process (procédures d’exécution, circuit de validation), qui sont perçus par les salariés comme une entrave à exécuter du bon travail », conclut Christophe Nguyen.

Explosion des burn-out

Autre enseignement de cette enquête  : les burn-out ou épuisements professionnels «  explosent » à la veille d’un retour progressif au bureau et la détresse psychologique des salariés reste élevée. «  Le taux de burn-out a doublé en un an, culminant à 2 millions de personnes en burn-out sévère », constate Christophe Nguyen. Le burn-out «  concerne 1,5 fois plus les manageurs », précise-t-il, estimant qu’ «  avec de tels chiffres, dans un contexte de retour dans les bureaux, on peut s’attendre malheureusement à une nouvelle explosion des arrêts maladie dans les prochains mois ».

Cet «  épuisement professionnel sévère » se traduit, dit Christophe Nguyen, par une forme de «  déshumanisation » avec «  des gens qui fonctionnent comme des robots pour se protéger de leurs émotions » et qui «  s’autocensurent » par crainte d’en parler. Les indicateurs de l’état psychologique des salariés demeurent par ailleurs «  très inquiétants » avec 44 % des salariés en détresse psychologique (- 1 point par rapport à mars 2021) dont 17 % élevée (identique), selon l’enquête, qui pointe que six salariés sur dix estiment que leur direction «  ne se rend pas compte de l’état psychologique des salariés et n’agit pas en fonction ». La détresse psychologique est un indicateur de santé mentale, validé internationalement et utilisé pour diagnostiquer les troubles mentaux.