Fin du télétravail à 100% : ce que prévoit le protocole à partir du 9 juin

Revue de Presse

Source : lexpress.fr (3 juin 2021 )

Le nouveau protocole, en vigueur à partir du 9 juin, a été mis en ligne mercredi. Les employeurs devront bien fixer un nombre minimal de jours de télétravail par semaine.

Les employeurs devront fixer un nombre minimal de jours de télétravail par semaine, selon le projet de nouveau protocole sanitaire qui sera en vigueur à partir du 9 juin 2021. (Photo d’illustration)

Les règles s’assouplissent, mais ce n’est pas encore l’heure d’un changement radical. Alors que la troisième étape du déconfinement doit débuter le 9 juin, le télétravail restera bien la règle à partir de cette date, selon le nouveau protocole sanitaire dévoilé mercredi soir par le ministère du Travail. Mais la pratique à 100% ne sera pas la norme.  

Selon Le Parisien, c’est la première fois depuis un an que le ministère du Travail décide de mettre en ligne le texte avec une semaine d’avance sur la date d’entrée en vigueur. Cela permet de laisser plus de temps aux entreprises pour s’organiser. En effet, comme prévu dans le projet de protocole envoyé aux partenaires sociaux le 26 mai, les employeurs devront fixer, ‘dans le cadre du dialogue social de proximité, un nombre minimal de jours de télétravail par semaine’, selon  

Retour progressif

La plupart des partenaires sociaux sont satisfaits, selon Le Parisien, hormis le Medef. L’organisation patronale ne souhaitait pas que l’exécutif impose des contraintes. Depuis fin octobre 2020, le protocole national en entreprise prévoyait que, pour les salariés qui peuvent effectuer l’ensemble de leurs tâches à distance, ‘le temps de travail effectué en télétravail est porté à 100%’. Depuis janvier, s’est ajoutée une ‘soupape’ avec la possibilité de revenir un jour par semaine. 

Rappelant que le télétravail ‘peut être considéré comme une des mesures les plus efficaces pour prévenir le risque d’infection au Sars-CoV-2’, le nouveau protocole stipule que ‘les employeurs fixent dans le cadre du dialogue social de proximité, un nombre minimal de jours de télétravail par semaine, pour les activités qui le permettent’. 

Pour mettre en place un accord sur le télétravail, les employeurs peuvent notamment s’inspirer de l’accord national interprofessionnel (ANI) qui ‘constitue un cadre de référence utile’ selon le texte. Au ministère du Travail, on souligne ‘qu’un employeur qui demanderait à tous ses salariés de revenir à 100% à compter du 9 juin n’appliquerait pas le protocole’. Le retour des salariés qui étaient en télétravail ‘doit se faire de manière progressive’, insiste-t-on. 

‘Nous redonnons la main aux employeurs et aux salariés pour qu’ils déterminent le nombre de jours adaptés, mais il ne s’agit pas d’abandonner le télétravail. Cette pratique reste recommandée pour lutter efficacement contre la pandémie’, prévient Elisabeth Borne dans une interview au Parisien. ‘Il faut vraiment un retour progressif sur les lieux de travail. (…) Ce doit être le point de départ d’une impulsion pour trouver le bon équilibre entre présentiel et distanciel, et mettre en place de nouvelles pratiques’, explique la ministre. 

Le retour des pots ‘dans le strict respect des gestes barrière’

L’Etat employeur a de son côté déjà fixé trois jours de télétravail à partir du 9 juin pour la fonction publique. Le projet de texte précise que ‘les réunions en audio ou en visioconférence restent à privilégier’. ‘Lorsqu’elles se tiennent en présentiel, les réunions doivent respecter les gestes barrière, notamment le port du masque, les mesures d’aération/ventilation des locaux ainsi que les règles de distanciation’, précise-t-il. 

Le protocole rétablit aussi la possibilité d’organiser ‘des moments de convivialité réunissant les salariés en présentiel dans le cadre professionnel’. Suspendus depuis fin octobre, ces pots ‘peuvent être organisés dans le strict respect des gestes barrière, notamment le port du masque dans les espaces clos, les mesures d’aération/ventilation ainsi que des règles de distanciation’. 

Pour la restauration collective, le protocole renvoie à une fiche spécifique qui sera mise à jour dans les prochains jours et suivra les règles appliquées dans les restaurants. Ainsi, les cantines devraient se voir appliquer une jauge de 50% d’occupation, dans le respect des distances imposées d’un mètre entre chaque personne.  

Les burn-out explosent à la veille du retour au bureau

A la veille d’un retour progressif au bureau, les burn-out, ou épuisements professionnels, ‘explosent’ et la détresse psychologique des salariés reste élevée, selon un baromètre de la santé psychologique des salariés français, réalisé par OpinionWay et présenté le 26 mai. ‘Le taux de burn-out a doublé en un an, culminant à deux millions de personnes en burn-out sévère’, constate Christophe Nguyen, à la tête du cabinet franco-québécois Empreinte Humaine, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux (burn-out, dépressions, suicides…). 

Le burn-out ‘concerne 1,5 fois plus les managers’, précise-t-il, alors 52% d’entre eux en détresse psychologique. Christophe Nguyen estime ‘qu’avec de tels chiffres, dans un contexte de retour dans les bureaux, on peut s’attendre malheureusement à une nouvelle explosion des arrêts maladie dans les prochains mois’. Cet ‘épuisement professionnel sévère’ se traduit, selon lui, par une forme de ‘déshumanisation’ avec ‘des gens qui fonctionnent comme des robots pour se protéger de leurs émotions’ et qui ‘s’autocensurent’ par crainte d’en parler. 

Les indicateurs de l’état psychologique des salariés demeurent par ailleurs ‘très inquiétants’ avec 44% des salariés en détresse psychologique (-1 point par rapport à mars 2021) dont 17% élevée (identique), selon l’enquête. Cette dernière relève que six salariés sur dix estiment que leur direction ‘ne se rend pas compte de l’état psychologique des salariés et n’agit pas en fonction’. Les télétravailleurs sont aussi plus exposés avec 46% d’entre eux en détresse psychologique que leurs collègues en présentiel (40%) mais huit sur dix veulent continuer à télétravailler à raison d’un à trois jours par semaine. Car si sept salariés sur dix pensent qu’un retour en présentiel est ‘nécessaire pour la cohésion d’équipes’, la moitié des télétravailleurs ne veulent ‘pas revenir au bureau comme avant’.