Stéphane Richard, dix ans mouvementés à la tête d’Orange

Revue de Presse

Source : la-croix.com (3 juin 2021 )

Portrait

Nommé à la tête du groupe Orange après la série de suicides de salariés, Stéphane Richard a contribué à y apaiser le climat social. Ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, il est poursuivi en appel dans le cadre de l’affaire Tapie.

« Le Groupe Orange présente ses plus vives excuses ». Stéphane Richard, PDG du leader français des télécommunications, a dû s’expliquer après la panne qui a touché les numéros d’urgence dans la soirée du mercredi 2 juin. L’énarque de 59 ans été convoqué le lendemain matin au ministère de l’intérieur.

Nommé à la tête d’Orange en 2011, lorsque l’entreprise était touchée par une vague de suicides de salariés, Stéphane Richard a pris la suite de Didier Lombard, qui a été condamné à un an de prison dont quatre mois ferme pour « harcèlement moral » dans un procès qui a fait date. Le nouveau président est reconnu pour avoir su apaiser le climat au sein du groupe, en renonçant aux mobilités forcées et en embauchant du personnel dédié à la prévention des risques psychosociaux.

Depuis le début de son mandat, Stéphane Richard a dû résister à l’arrivée de Free, dont l’offre mobile a été lancée en 2012. Orange s’est diversifié : bouquets TV, plateforme OCS, systèmes d’alarme, dispositif de cybersécurité. En 2017, le groupe a même lancé sa filiale bancaire, Orange Bank. Celle-ci compte 1,2 million de clients, en France et en Espagne. Pas encore rentable, elle a perdu 195 millions d’euros l’an dernier.

Bonne santé d’Orange

L’opérateur conserve sa position de leadership dans le marché des télécoms. Dans son rapport annuel, publié en 2020, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes) indique qu’Orange offre en France la « meilleure qualité de réseau » de téléphonie et d’Internet mobiles.

Stéphane Richard a fait des allers-retours entre le public et le privé. Diplômé d’HEC et sorti inspecteur des finances de l’ENA, le patron de l’opérateur téléphonique historique a d’abord travaillé entre 1991 et 1992 au cabinet de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’industrie. Après un passage par la Compagnie générale des eaux, il fait fortune en revendant ses parts de la société immobilière Nexity. Il retourne à Bercy une dernière fois, où il devient directeur de cabinet de Jean-Louis Borloo puis de Christine Lagarde, entre 2007 et 2009.

Jugement de l’affaire Tapie en attente

Depuis, l’affaire de l’arbitrage Tapie – Crédit lyonnais le poursuit. Fort de son bilan et en l’absence de condamnation, l’État a jusqu’ici renouvelé sa confiance au PDG du groupe Orange. En 2018, malgré sa mise en examen, le gouvernement l’a soutenu, sous réserve qu’il ne soit pas condamné. « Stéphane Richard a fait du beau travail. Il a vocation à être reconduit », justifiait alors le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, sur Radio Classique.

Toujours poursuivi pour complicité de détournement de fonds publics, Stéphane Richard est accusé d’avoir joué un « rôle important dans la gestion de ce dossier » à Bercy, alors qu’il était directeur de cabinet de Christine Lagarde. Il avait été relaxé en première instance, mais lors du procès en appel, le ministère public a requis, mercredi 2 juin, trois ans d’emprisonnement dont un ferme et 100 000 € d’amende. Son mandat à la tête d’Orange prend officiellement fin en 2022.