Stéphane Richard, le PDG d’Orange, prépare sa succession en interne

Revue de Presse

Source : bfmtv.com (4 octobre 2021 )

Stéphane Richard attend le verdict de son procès dans l’affaire Tapie, verdict repoussé en raison du décès ce dimanche de l’homme d’affaires. En cas de nouvelle relaxe, il devra choisir un nouveau directeur général parmi plusieurs candidats. Deux de ses adjoints aux profils bien différents se détachent.

Chez Orange aussi, c’est le temps de la campagne présidentielle. Le troisième mandat de son PDG Stéphane Richard se termine en mai prochain. Et déjà, tout le monde ne parle que de cela en interne. ‘Ça bruisse de partout’, explique un dirigeant d’Orange. ‘Restera, restera pas, tout le monde spécule’, soupire un pilier syndical de l’opérateur télécom, lassé de cette atmosphère. Le top départ de cette course à la succession semble mis en suspens.

Car avant sa succession, l’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy devait passer un ultime obstacle judicaire. Le 6 octobre, la Cour d’appel de Paris devait rendre sa décision dans le volet de l’affaire qui le concerne. Il est jugé pour ‘complicité d’escroquerie’ et ‘complicité de détournement de fonds publics’ pour avoir encouragé le choix de l’arbitrage dans l’affaire Tapie-Adidas lorsqu’il était au ministère de l’Economie. En première instance, Stéphane Richard avait été relaxé. S’il l’est de nouveau, il pourra prétendre à rester président non-exécutif d’Orange. Or, le décès de Bernard Tapie ce dimanche est venu bouleverser le calendrier. La cour d’appel a en effet annoncé ce lundi qu’elle reportait sa décision à une date ultérieure.

Jurisprudence Lagarde

Dans le cas contraire, ce sera plus difficile. En 2018, avant la relaxe de la première instance, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire avait estimé qu’en cas de condamnation, Stéphane Richard devrait quitter ses fonctions. Une position politique qui n’a pas changé. Sauf à ce que la condamnation soit ‘légère’. Dans cette même affaire, ‘la ministre de l’époque, Christine Lagarde, a été condamné en 2016 pour ‘négligence’ et a été maintenu son poste de directrice générale du FMI, note un proche du PDG d’Orange. Et elle dirige aujourd’hui la Banque centrale européenne’. Tout dépendra du jugement, des mots et de leur poids en cas de condamnation.

Dans tous les cas, le PDG d’Orange ne briguera pas de troisième mandat opérationnel, mais souhaite rester président non-exécutif. Il surfe ainsi sur une volonté de l’Etat, encore actionnaire d’Orange à 23%, de dissocier les fonctions de président de directeur général.

L’Etat n’est pas opposé au maintien de Stéphane Richard comme président. Cela aurait l’avantage de mener une transition en douceur avec le futur directeur général. Mais cela présenterait aussi le risque que l’actuel PDG peine à lâcher le pouvoir qu’il tient depuis plus de dix ans. Bercy n’a pas envie de revivre une crise de gouvernance comme chez Engie. ‘Il en a assez de l’opérationnel au quotidien, promet un de ses proches. Il ne sera pas un super-président’. Reste à nommer un patron qui soit compatible avec Stéphane Richard s’il reste président.

Deux favoris en interne

Du coup, la course au directeur général est ouverte chez Orange. Plusieurs noms sont cités en interne comme celui de Fabienne Dulac, directrice d’Orange France, de Jean-François Fallacher, le patron de la filiale espagnole, de Michaël Trabbia qui dirige l’innovation ou de Ramon Fernandez, le directeur financier. Ce dernier n’a pas les faveurs de Stéphane Richard qui a estimé, dans le JDD, qu’il avait une vision trop financière d’Orange et ne prenait pas assez de ‘paris’. Ramon Fernandez présente toutefois l’avantage d’incarner chez Orange la ligne de l’Etat actionnaire de ‘prudence financière’.

Les favoris sont Fabienne Dulac et Jean-François Fallacher. Deux profils très différents. La première représente le cœur historique d’Orange : la France. Connaisseuse des puissants syndicats du groupe, elle a notamment géré le déploiement de la fibre, cher au gouvernement. A son passif, elle a toutefois subi la panne des numéros d’urgence avant l’été, même si le PDG ne lui en tient pas rigueur en interne. Fabienne Dulac a le soutien de Stéphane Richard qui prône ‘un choix complémentaire au sien’ ajoute un de ses proches. Elle présente enfin l’avantage d’être une femme alors que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, est attaché à promouvoir des femmes à la tête des entreprises dont l’Etat est actionnaire comme chez Engie.

Renouveler la direction

Jean-François Fallacher présente au contraire un profil très international pour avoir dirigé plusieurs filiales en Roumanie, en Pologne et en Espagne depuis dix ans. Quant à Michaël Trabbia, il fait campagne mais fait figure d’outsider. C’est l’ancien directeur de cabinet de Stéphane Richard, ‘mais il n’est pas assez capé’ pour prétendre à la direction générale, nous explique un proche du groupe.

Quelques noms externes à Orange circulent aussi. Celui de la patronne de Schneider en Europe, Christel Heydemann, revient avec insistance. Administratrice d’Orange depuis trois ans, elle connait l’entreprise et le secteur des télécoms pour avoir travaillé chez Alcatel pendant plus de dix ans. Celui de Delphine Ernotte est parfois évoqué alors qu’elle a dirigé Orange France pendant cinq ans. Mais l’entourage de la patronne de France Télévision nous dément sa candidature. Reste Vivek Badrinath qui était déjà pressenti en 2018. Ancien dirigeant d’Orange, il est chez le concurrent Vodafone depuis cinq ans. Même si les candidats internes sont privilégiés, le groupe souhaite renouveler sa direction et faire entrer de nouvelles têtes.