Grenoble : pourquoi les cabines téléphoniques font-elles leur grand retour ?

Revue de Presse

Source  : geo.fr (5 mai 2022 ).

L’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques installe une ‘cabine téléphonique sauvage’ à Grenoble. © Getty Images

Il y a quelques jours, une mystérieuse cabine téléphonique s’est installée à Grenoble. La première d’une longue série, espère l’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT).

Le 25 mars 2022, la ville de Grenoble, en Isère, fêtait l’inauguration de la première réinstallation (sauvage) de cabine téléphonique ! Un projet étonnant, mais tout à fait sérieux.


Réinstallation d’une cabine téléphonique à Grenoble

Il y a près d’un an, le journal local Le Postillon publiait un article prônant la réhabilitation des cabines téléphoniques dans les rues de la ville de Grenoble. Une bouteille à la mer qui a réussi à faire suffisamment de vagues pour permettre au projet de l’Observatoire international pour la réinstallation des cabines téléphoniques (OIRCT) de voir le jour.

Il y a 6 mois, l’OIRCT mettait en place une première cabine téléphonique. Mobile, celle-ci était installée sur une remorque à vélo et dotée d’un câble téléphonique de près de 50m, lui permettant de se ‘brancher à distance’ aux box des résidents (volontaires). Mais, fin mars, c’est une véritable cabine téléphonique ‘fixe’ qui a été installée par l’OIRCT à proximité d’un parc.

100000000000046000000272640188f1ede44783.jpgCabine téléphonique sauvage installée par l’OIRCT à Grenoble. Florian Espalieu


Installation sauvage avec les moyens du bord

La mairie de Grenoble n’ayant pas officiellement donné son accord pour la mise en place de ladite cabine, il s’agit donc d’une installation ‘sauvage’. ‘Concrètement, les solutions techniques sont peu satisfaisantes, étant donné que le réseau de cuivre qui reliait jadis les cabines téléphoniques est en train d’être démantelé’, confie Vincent, membre de l’OIRCT, à GEO. Les infrastructures et la technologie dont bénéficiait la ville auparavant ne sont donc hélas plus disponibles.

Pour concrétiser son projet, le collectif a donc élaboré une cabine bricolée à base de bois et de métal. Le téléphone, quant à lui, n’est autre qu’un téléphone portable qui fonctionne grâce à une batterie et une carte SIM, mais qui physiquement ressemble à un téléphone fixe. ‘On a fabriqué une boite qui permet de prendre le combiné mais pas de partir avec, poursuit Vincent. De notre côté, nous prenons le téléphone tous les 3 ou 4 jours pour le recharger, puis nous le réinstallons’.


Réduire la fracture numérique

Avec ce projet autofinancé, l’OIRCT compte bien réduire ‘la numérisation de nos vies’. ‘A une époque où les QR codes et les flicages rendus possibles grâce à internet sont monnaie courante, permettre à qui le souhaite de vivre sans smartphone et sans téléphone portable semble pertinent’, assure Vincent. Mais il ne s’agit pas seulement de réduire la fracture numérique en aidant les personnes qui souffrent d’illectronisme (ou illettrisme numérique) pour accéder à divers services assure-t-il, il s’agit également de militer pour que ces services soient accessibles sans passer par internet, ou l’utilisation d’un smartphone, et ainsi privilégier le contact humain au ‘tout numérique’.

Pour l’heure, le projet qui s’inscrit dans la démarche du Budget participatif, n’a pas encore été validé par la mairie. ‘Il y a un mois, plusieurs projets ont été présentés et soumis aux votes des habitants. Une trentaine de projets a été sélectionné et celui de l’OIRCT est arrivé à la 6e position. Prochainement, nous allons étudier les différentes solutions techniques envisageables pour réaliser notre projet, et leurs coût’, explique Vincent.

Prochaine étape ? Soumettre l’avancée du projet, dès l’automne, à une nouvelle phase de votes, plus longue et plus ouverte. Plusieurs projets pourront alors être sélectionnés en phase finale, selon l’enveloppe budgétaire globale et le coût de chacun d’eux.