Pourquoi le débat sur les 35 heures et le temps de travail est dépassé

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Source : Challenge.fr (27 Novembre 2015)

L’évolution des emplois, de plus en plus intellectuels, et le développement du numérique ont complètement rebattu les cartes. Les explications de notre partenaire Xerfi Canal.

Le temps de travail… ces fameuses 35 heures. Voilà le sujet alibi par excellence qui cristallise les passions, qui est érigé par certains en explication mono-causale du mal français, quand d’autres rappellent que des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, ne travaillent pas plus que nous sans pour autant être pénalisés.

Je ne m’appesantis pas ici sur tous les problèmes de mesure. Le sujet est déjà éminemment complexe à la base. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que la mutation numérique porte la dernière estocade à ce concept de durée du travail. Que signifie en effet la notion de durée du travail, quand une part croissante des métiers sont à fort contenu intellectuel, qu’ils mobilisent de l’expertise de l’expérience pré-accumulée ou accumulée dans, mais souvent aussi en dehors et la sphère de travail ? Que signifie la notion de durée du travail, quand, dans une économie de projet, c’est le résultat qui donne la mesure d’une prestation beaucoup plus que la quantité de temps qui lui est consacrée ?

Un travail mécanique, automatisé, peut être organisé, formalisé, et adossé à des résultats prévisibles. Les heures de cerveau d’œuvre ne répondent pas au même déterminisme. Ils relèvent d’une organisation et de rythmes propres à chaque individu. Il est très artificiel de vouloir les insérer dans limites horaires prédéfinie, contrôlées ou même contrôlable. Que signifie toujours la notion de durée du travail, quand les outils numériques effacent des frontières entre la vie professionnelle et la vie privée ? Des outils, qui permettent à tout individu de maintenir sa relation au travail en dehors du cadre physique de l’entreprise. Que signifie enfin la durée du travail, quand avec l’auto-entrepreneuriat, mais surtout, avec les différentes formes de travail collaboratif gratuit ou payant, la multi-activité gagne chaque jour du terrain ?