Fonctionnaires : pourquoi le point d’indice va être augmenté

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Source : rtl.fr (26 février 2016)

En fait, la nouvelle ministre n’a pas trop le choix. Annick Girardin est sous une triple pression. Marylise Lebranchu, qu’elle vient de remplacer, avait pris des engagements. Depuis, les organisations syndicales qui ont pesé la violence des réactions au projet de loi El Khomri sur la réforme du code du travail, savent que le gouvernement n’a pas les reins assez solides pour ouvrir un second front avec l’ensemble de ses fonctionnaires. Un affrontement d’autant moins pertinent que cette population rassemble traditionnellement de gros contingents d’électeurs de gauche.

À coté de ce volet politico-social, il y a celui du pouvoir d’achat. Le gel du point d’indice en 2010 commence à peser sur le portefeuille des salariés du public. On évalue à 7 milliards les économies réalisées grâce à cette décision.

Pour nos trois fonctions publiques (État, Territoire et Hôpital), la formule du calcul du point d’indice est identique. Elle mixte dans un savant calcul deux composantes. D’abord un indice propre à chaque agent selon sa catégorie, son grade ou son échelon ; ensuite un indice, dit « indice majoré », qui est le même pour tous les fonctionnaires. Cet indice majoré a été gelé à 5.556,35 euros en 2010.

Marge de manœuvre infime

Maintenant, on passe au calcul proprement dit qui va déterminer ce qui va arriver sur le compte en banque. Il faut multiplier l’indice majoré (celui à 5556,35 euros) par l’indice propre à chaque fonctionnaire et on divise le tout par 1.200. Au bout du parcours, vous avez le salaire brut ou la pension de retraite de chacun des 5,7 millions de fonctionnaires français.

Pour les seuls fonctionnaires d’État, le point d’indice coûte 1,5 milliard aux finances publiques. C’est significatif. Aujourd’hui, les rémunérations des fonctionnaires absorbent déjà 39% du budget de la Nation. Sans compter qu’il y a dans les tuyaux un accord de valorisation des carrières de 5 milliards supplémentaires d’ici 2020. Est-ce que nous en avons les moyens ? Le tableau de bord financier du pays répond par la négative. D’autant que tout indique que Bercy devra faire 8 milliards d’économies supplémentaires dans les dépenses 2016. La marge de manœuvre de madame Girardin est à l’évidence infime, pour ne pas dire nulle.