Source : itrnews.com (1er mars 2016)
Il y a quelques semaines, la FIRIP, première fédération des Réseaux d’Initiative Publique, écrivait au Premier Ministre afin de lui faire part de ses inquiétudes quant à l’évolution de l’environnement concurrentiel et règlementaire concernant l’aménagement numérique des territoires français en très haut débit.
Sa préoccupation : l’égalité des français dans l’accès aux offres en très haut débit et la rapidité de l’aménagement numérique du territoire.
Car, pour la FIRIP, deux réalités sont à prendre en compte. En effet, l’aménagement du territoire repose non seulement sur les grands opérateurs privés mais aussi sur les collectivités. Ainsi, avec le Plan France Très Haut Débit, 4 français sur 10 verront la fibre optique arriver chez eux grâce à l’action de leurs collectivités, qui auront mis en œuvre des Réseaux d’Initiative Publique. Or, jusqu’à présent, ce sont les petits opérateurs de services qui font basculer les entreprises vers la fibre. Ils sont près de 200 en France et ont su créer des offres adaptées aux professionnels et aux PME. Leur dynamisme stimule la concurrence, à tel point que l’on a notamment constaté une chute des coûts des offres fibre de 50% au cours des dernières années.
La FIRIP voit donc d’un oeil inquiet la possible fusion entre Bouygues Telecom et Orange, et demande à l’Etat de garantir une compensation équitable et concurrence réelle face à la création de ce nouvel ensemble dominant (qui va peser près de 50% des parts de marché et même près de 75% sur le marché Entreprises). Car les risques sont réel. Le premier risque, c’est que les Français situés sur des zones RIP n’aient jamais accès aux mêmes offres finales (téléphonie, internet, télévision) que ceux situés en zones denses. Le second, c’est que les grands opérateurs verrouillent à terme le marché télécom Entreprises, les initiatives des opérateurs plus petits étant découragées du fait d’une rentabilité impossible à tenir.
Aussi, afin d’assurer l’égalité de tous les français dans l’accès à leurs offres finales et de créer les conditions d’une concurrence loyale pour tous les opérateurs, il faut garantir un équilibre et une complémentarité entre les zones conventionnées et les zones RIP. « L’Etat doit entendre toutes les parties dans ce dossier : pas seulement les grands opérateurs, mais aussi les collectivités et les petits opérateurs, explique Etienne Dugas, le Président de la FIRIP. Il doit donc s’assurer, en tant que 1er actionnaire, que le nouvel acteur Orange Bouygues devienne enfin un partenaire actif des RIP. Nous espérons qu’une annonce sera faite rapidement dans ce sens et au plus tard lors des Etats généraux des RIP à Deauville le 15 mars prochain ».
La FIRIP a aussi saisi l’ARCEP et l’Autorité de la Concurrence sur le sujet.