Les inégalités hommes-femmes perdurent dans le monde du travail

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Source : lesechos.fr (7 mars 2016)

Les filles réussissent mieux que les garçons à l’école en général. Mais cette bonne performance ne se retrouve pas dans la sphère professionnelle.

A l’occasion de la journée internationale de la femme, ce mardi, l’Insee s’est penché sur les inégalités entre les deux sexes. Première constatation des experts de l’institut : dans l’Hexagone, «  les filles réussissent mieux leur scolarité que les garçons, qu’il s’agisse de son déroulement, des compétences acquises, des résultats aux examens ou du taux de diplômés ».

Ainsi, le taux de réussite au baccalauréat était de 93,2 % pour les filles en 2013 et de seulement 90,8 % pour les garçons. De la même façon, en 2011, 38,1 % des femmes âgées de 25 à 54 ans étaient diplômées du supérieur alors que, chez les hommes, ce chiffre n’était que de 32 %.

La Bretagne se distingue

Deux régions françaises se singularisent toutefois : «  En Bretagne, et dans une moindre mesure dans les Pays de la Loire, les écarts de réussite scolaire entre filles et garçons sont plus faibles qu’en moyenne », remarquent les auteurs de l’étude.

Parmi les autres régions, la Corse se distingue mais dans la mauvais sens, cette fois-ci puisque les différences de réussite scolaire entre les filles et les garçons y sont plus importantes. Pourtant, c’est une des régions où le taux de réussite au baccalauréat est le plus élevé pour les garçons et la Corse est même la région de France où le taux de réussite au bac des filles est le meilleur de France.

Fortes différences salariales

Mais, si les femmes réussissent mieux que les hommes à l’école et si la proportion de diplômées dans la population y est plus élevées, cela ne se retrouve pas dans le monde du travail. D’abord, «  les hommes occupent plus souvent un poste à la hauteur de leur niveau de diplôme », notent les experts de l’Insee. En 2011, 26,6 % des hommes occupaient un emploi dont les caractéristiques exigées étaient inférieures à leur diplôme tandis que cette situation concernait 32,2 % des femmes. Ensuite, le taux de chômage des femmes est supérieur à celui des hommes. Enfin, le salaire des hommes est en moyenne supérieur de 19,4 % à celui des femmes.

Bref, la réussite scolaire des filles par rapport à celle des garçons, résultante du système éducatif, ne se matérialise pas dans la sphère professionnelle. «  Les différences entre femmes et hommes sur le marché du travail sont aussi liées à des écarts de situation familiale, de modes de cohabitation et de transports », selon l’Insee. Ainsi, les jeunes femmes quittent plus tôt le domicile parental que les jeunes hommes. Près de 30 % des garçons âgés de 25 ans vivaient encore chez leurs parents en 2011 alors que seules 16,7 % des femmes y résidaient à cet âge. Les femmes sont aussi parents plus jeunes et surtout vivent plus souvent seules ou en situation de monoparentalité. En 2011, 6,8 % des femmes étaient à la tête d’une famille monoparentale alors que ce rôle n’était dévolu qu’à 1,6 %hommes.

La politique pointée du doigt

Autre domaine dans lequel les inégalités sont fortes, la politique. «  Dans le monde du travail, les femmes sont moins souvent cadres dirigeantes, mais également dans la vie politique », pointe l’étude. «  Les hommes sont toujours majoritaires parmi les conseillers municipaux (58 % en 2014 contre 63 % en 2008) » et «  les maires restent des hommes dans 83 % des communes de France en 2014 ». La loi de 2013 relative à l’élection des conseillers départementaux, municipaux et communautaires, et qui impose la parité dans les listes électorales n’a pas permis d’atteindre les objectifs en matière d’égalité. Et pour cause : elle ne s’applique que pour les communes de plus de 1.000 habitants.