Orange – Bouygues : le secteur des télécoms retient son souffle

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Source : lesechos .fr (30 mars 2016)

Orange et Bouygues tiennent tous les deux un conseil d’administration ce soir.

Le secteur français des télécoms retient son souffle. En fin d’après-midi, à 17 heures, Orange et Bouygues doivent tenir chacun un conseil d’administration. Au menu : le projet de rachat de la filiale télécoms du second par le premier. L’incertitude règne encore sur ce qui pourrait sortir de ces réunions cruciales. Orange et Bouygues répètent depuis plusieurs semaines qu’une décision sur l’avenir de Bouygues Telecom sera prise avant le 31 mars. Mais à ce jour rien ne dit qu’elle sera forcément définitive.

«  Une date butoir a été fixée. Mais on n’est pas à deux jours près », tempère une source proche des négociations. Les conseils d’administration pourraient aboutir à un simple constat sur l’avancée du projet et la nécessité de poursuivre encore un peu les discussions. Chez Orange, en tout cas, les administrateurs ont été prévenus qu’il ne s’agissait que d’une «  réunion d’information, et qu’elle ne serait pas décisionnelle », explique une source proche du dossier.

De l’avis de nombreux protagonistes de l’affaire, rien n’est encore joué. Le week-end de Pâques fut certes studieux. Les états-majors des quatre opérateurs se sont enfermés pendant plusieurs jours – et plusieurs nuits – chez un grand cabinet d’avocats pour tenter de résoudre les derniers problèmes.

Free reprendrait 2.000 salariés de Bouygues Telecom

Des avancées ont été réalisées sur la répartition des actifs de Bouygues Telecom, alors que son rachat par Orange nécessite forcément des cessions pour être validé par l’Autorité de la concurrence. Le cas des salariés de Bouygues Telecom aurait notamment été «  réglé ». Comme nous l’indiquions lundi, Free aurait finalement décidé de reprendre environ 2.000 employés issus des boutiques en propre de l’opérateur. Free reprendrait ainsi environ 300 boutiques à Bouygues sur un total de 550 (comprenant les magasins franchisés). SFR serait quant à lui prêt à récupérer 1.000 à 1.500 personnes, le solde (environ 4.000 salariés) allant chez Orange.

Au-delà des salariés, Free et SFR vont se partager d’autres actifs de Bouygues Telecom : des fréquences, des réseaux, des clients… Au final que restera-t-il à Orange, qui est tout de même l’acheteur de la filiale de Bouygues ? D’après nos informations, l’opérateur devrait conserver une partie des clients fixe et mobile dans le haut du marché. Au final, Orange pourrait avoir jusqu’à 50 % du chiffre d’affaires.

Les sujets de friction tournent encore et toujours autour de la valorisation de Bouygues Telecom. A Bercy, certains jugent que le prix de 10 milliards d’euros, hérité de la proposition de rachat de SFR l’an dernier, et qui sert de base à la négociation depuis le début des discussions, est trop élevé, alors que l’actif pèse un peu plus de 6 milliards dans les comptes de la maison-mère Bouygues. Pas question qu’éclate un débat autour d’un «  Adidas des télécoms » , à un an de la présidentielle…

Valorisation d’Orange

De cette valorisation dépend la participation finale du groupe de BTP dans le futur Orange, et celle de l’Etat. Martin Bouygues a toujours dit qu’il voulait récupérer entre 10 et 15 % du capital de l’opérateur historique. Du côté de l’Etat, qui en est l’actionnaire majoritaire avec 23 % des actions, pas question de descendre en-dessous de 20 %.

La question tourne aussi sur la valorisation d’Orange, alors que l’opération doit être en partie financée par une augmentation de capital. L’Etat, où les avis demeurent partagés sur l’opportunité d’un tel deal, milite pour retenir le prix le plus élevé possible, afin de limiter au maximum sa dilution et donc la participation du groupe Bouygues. Les débats sont donc très serrés sur le montant de la prime sur le cours d’Orange. «  Il y a encore des écarts importants entre les positions des uns et des autres sur ces questions. Il pourrait falloir encore plusieurs jours pour trouver un terrain d’entente », prévient un bon connaisseur du dossier.

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