Pourquoi les télécoms misent sur les services bancaires

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Source : lesechos.fr (10 août 2016)

La création de services bancaires par les télécoms s’accélère. Ils agissent comme un levier de croissance et de fidélisation pour ce secteur bousculé.

Le 22 avril dernier, Orange annonçait la signature d’un accord avec Groupama pour l’acquisition de sa filiale bancaire Groupama Banque renommée Orange Bank d’ici début 2017. L’objectif est l’ouverture de la banque en ligne en 2017. Cette annonce est le symbole du dynamisme nouveau qui souffle sur les services bancaires proposés par les opérateurs télécoms et d’une nouvelle logique.

Orange Money, lancée en 2008 dans certains pays d’Afrique, traite à ce jour 400 millions d’euros de transaction par mois et est très utilisée sur le continent africain où les comptes bancaires ne concernent qu‘une minorité d’habitants. Ce service permet chaque jour de convertir de l’argent en monnaie stockée sur un portefeuille électronique, pour des transferts en toute sécurité. Orange Money a d’ailleurs fait ses premiers pas en France .

Orange Finance a, quant à lui, été lancée en 2014 en Pologne . Il s’agit de services bancaires 100 % mobile en partenariat avec mBank à destination d’une clientèle jeune et digitalisée. Orange Finacse permet l’accès à tous les services qu’une banque propose, via une application ergonomique et intuitive : les clients peuvent directement ouvrir un compte depuis leur téléphone (compte courant, de dépôt, d’épargne) et installer une carte de paiement sans contact. Il y a aussi eu le lancement d’Orange Cash en France en octobre 2015 , application de paiement sans contact.

Doper les chiffres d’affaires

Un des principaux objectifs reste de développer de nouveaux services leviers de croissance pour leur chiffre d’affaires. En effet, sur des marchés classiques du fixe et du mobile stables ou en régression, la croissance passe par le lancement de nouveaux services, avec en priorité la banque et les objets connectés. Combien de comptes bancaires Orange et Groupama auront en France fin 2017, en 2020 parmi les 70 millions existants aujourd’hui dans l’Hexagone ?

Le potentiel est de taille lorsque l’on sait qu’un compte sur trois s’ouvrait en 2015 dans une banque en ligne, que le nombre de clients qui utilisent internet et internet mobile dans leurs opérations bancaires a augmenté de 50 % entre fin 2014 et fin 2015.

Mais cela ne s’arrête pas là. Les services bancaires sont aussi un moyen de fidéliser la clientèle. Face à des clients enclins à changer facilement d’opérateur, les services financiers (où le taux de churn – expression qui est la contraction de change and turn, permettant de quantifier les clients changeant de fournisseurs – reste nettement inférieur à 10 %) représentent une source de confiance pour fidéliser dans la durée.

Aller plus loin en France

On assiste en France à une véritable rencontre entre un monde des télécoms qui veut étendre son portefeuille d’offres et des clients qui ont une réelle appétence pour les services bancaires digitaux à moindre coût.

Mais, pour réussir, les acteurs des télécoms devront aller au-delà des simples opérations de transfert de fonds, de porte-monnaie électronique ou de paiement mobile sans contact. Le principal enjeu en France sera de proposer une large gamme de services pouvant s’étendre de la tenue de compte, au crédit à la consommation et à l’assurance.

Pour y arriver, quels défis doivent relever les opérateurs ? Le premier défi est réglementaire. Les acteurs des télécoms se lancent dans la création d’établissements de monnaie électronique (EME) – activité historiquement réservée aux établissements financiers. Ces EME, en charge d’émettre de la monnaie électronique, sont également responsables du respect de la conformité notamment dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Vient ensuite un défi informatique. Les opérateurs ont alors le choix entre concevoir et mettre en place leur propre plate-forme bancaire ou s’appuyer sur le SI d’une banque partenaire. Ils vont construire progressivement leur propre SI pour répondre aux exigences d’agilité, d’accessibilité, de faible coût demandées par les clients.