Comment repérer un pervers narcissique au travail

Archives Les Brèves

Source : bfmtv.com (31 janvier 2017)

Ces tyrans mégalos poussent à la dépression et au burn out les collaborateurs qu’ils ont choisis comme proie. Quelques indices pour les repérer.

Le terme de « pervers narcissique » s’est échappé des divans et des magazines pour franchir les portes de l’entreprise. Utilisé à tort et à travers, souvent même « abusivement », selon Marie-France Hirigoyen, psychiatre spécialiste du harcèlement. Quoi qu’il en soit, ces harceleurs mégalos poussent aux arrêts maladie pour dépression en rafale. Et la finesse de leur harcèlement est difficile à déceler.

Séducteurs

Leur première caractéristique, c’est leur côté séducteur. « Ils démarrent dans ce registre parfois même pseudo amoureux, à la limite du harcèlement sexuel, décrit la docteure en médecine. Leurs victimes ne poussent pas les portes des tribunaux ou des RH de peur que ça se sache. »

A première vue, ils ont l’air d’être « le collaborateur idéal, voire le gendre idéal, qui présente toujours bien », confirme Laurent Tylski, directeur général d’Acteo consulting. Mais derrière leur sourire d’ange et leur costume parfaitement taillé de Docteur Jekyll se cache Mister Hyde.

Mégalos sans scrupule

Ils sont totalement mégalos, estiment qu’ils sont les meilleurs et sont prêts à écraser plus bas que terre les autres pour se mettre sur un piédestal. Car les pervers narcissiques sont dépourvus d’affect. Ils n’ont aucun scrupule à se servir des faiblesses ou points sensibles de leurs victimes pour les anéantir.

Ces odieux personnages baratinent à la perfection, déforment la réalité à leur avantage et n’hésitent pas à mentir sur les propos des collègues ou des clients pour appuyer leur position et déstabiliser leur victime.

Ordres flous

Les pervers narcissiques sont les maîtres des ordres flous, des reproches pas clairs et des « injonctions paradoxales », selon Jean-Charles Bouchoux, psychologue. « Ainsi, quoi que leurs collaborateurs fassent, ce n’est jamais bon, ils peuvent toujours leur dire que ce n’est pas ce qu’ils avaient demandé », commente-t-il.

Il se souvient d’une confidence sur le divan d’un de ses patients, à qui le fils du patron avait dit un vendredi soir qu’il était responsable d’une « énorme erreur », qu’ils en parleraient le lundi suivant. L’accusé s’était rendu malade tout le weekend pour qu’au retour au bureau, le bourreau lui dise ne plus se souvenir de cette conversation.

Evidemment, il avait pris soin de l’accuser sans témoin, à une heure où les bureaux étaient vides. Car ces harceleurs s’arrangent toujours pour isoler leurs victimes, et ainsi les affaiblir.