Les sondages soulignent l’adhésion grandissante, notamment d’un ouvrier sur deux, aux idées du Front National (FN). Tout récemment, sans en exagérer la portée, la victoire du FN à la cantonale partielle de Brignoles constitue un signal inquiétant.
Pour l’UNSA, qui a fait de la lutte contre toutes les discriminations, contre le racisme et la xénophobie, un marqueur fort de son identité, le FN n’est pas un parti politique comme les autres. Certes, il s’est engagé depuis quelques années dans une entreprise habile de normalisation de son image à travers des évolutions de son vocabulaire et de son positionnement. Mais cela ne change rien au fond. Ainsi, en prônant aujourd’hui la « priorité nationale » en lieu et place de la « préférence nationale », ce parti d’extrême droite reste toujours sur une ligne de discrimination et de xénophobie.
Le FN exploite les conséquences très dures de la crise dont souffrent nombre de celles et de ceux qui vivent en France, cultivant et alimentant l’angoisse collective. Face à cette situation dégradée, il désigne des boucs émissaires, tantôt les étrangers, les immigrés et les musulmans, tantôt les élites, la classe politique et les patrons, tantôt la mondialisation, les Etats-Unis et l’Europe.
Dans sa conception autoritaire de l’exercice du pouvoir, le FN rejette également les corps intermédiaires, au profit d’une relation directe avec le peuple qui est magnifié. Dans ce cadre, il saisit toutes les occasions pour attaquer les syndicats, notamment ceux qui négocient et recherchent des accords.
Pour l’UNSA, ce courant d’extrême droite, qui traverse toute l’Europe sous des formes diverses, représente un réel danger pour la démocratie. Ses idées sont inacceptables.
Le syndicalisme en général, et l’UNSA en particulier, se doit donc d’agir. Pour nous, tout d’abord, il s’agit de relancer notre travail de fond sur la base de notre Charte des valeurs, de nos statuts et de nos mandats de congrès. Comme annoncé par le Secrétaire Général lors du dernier Conseil National de l’UNSA, la « diabolisation » de ce parti a montré ses limites. Une réflexion approfondie doit donc être conduite sur le programme du FN pour le décortiquer et déboucher sur un contre-argumentaire concret. A cette fin, sous l’autorité de Michel Guerlavais au titre du Secrétariat National, un groupe de travail sera donc mis en place prochainement et une première réunion proposée. Une communication sera faite sur ce sujet lors du Bureau National de la fin novembre.
Mais, sur des enjeux démocratiques de ce type, une action réfléchie et coordonnée la plus large serait évidemment nécessaire, au minimum entre les organisations syndicales. Rappelons que, le 17 mars 2011, l’UNSA avait ainsi signé, avec quatre autres syndicats (CFDT, CGT, FSU, Solidaires), une déclaration qui affirmait notamment que la thèse de la préférence nationale était antinomique avec les valeurs fondamentales du syndicalisme. Depuis, trois d’entre eux (CGT, FSU, Solidaires) ont décidé unilatéralement, le 23 septembre dernier, d’organiser un évènement national sur deux jours mi-janvier 2014, incluant notamment un meeting pour combattre le FN.
Cette forme d’action ne nous semble pas nécessairement la plus efficace. L’heure n’est en effet pas aux grands messes aux discours convenus auxquelles n’assistent que les convaincus. Il faut aussi peser le danger qu’il y aurait à donner une image de stigmatisation du FN, laquelle, a contrario de l’effet recherché, risquerait d’alimenter la rhétorique victimaire dont se nourrit ce parti. Sur le terrain syndical qui est le nôtre, il nous parait plus utile de conduire un travail auprès des salariés dans les entreprises et les administrations pour contrer l’enracinement idéologique du FN.
Quoiqu’il en soit, au-delà de ces péripéties intersyndicales, l’UNSA reste ouverte à un travail avec les autres organisations syndicales dès lors qu’il s’agit d’offrir des perspectives positives pour dégager les salariés et les citoyens de ce danger d’extrême droite et nous ne désespérons pas d’y parvenir. D’ici là, dans l’attente des premiers résultats du travail interne engagé nationalement par l’UNSA, nous demandons aux structures interprofessionnelles de nous faire remonter leurs eur réflexions et de nous informer de toute initiative qui leur serait proposée ou qui leur semblerait utile.
Michel GUERLAVAIS Luc BÉRILLE
Secrétaire national Secrétaire général