L’opérateur aimerait faire interdire dans la loi Pacte les offres trop alléchantes de ses concurrents dans l’ADSL.
Est-ce bientôt la fin des abonnements Internet à prix sacrifiés ? Le PDG d’Orange plaide en ce sens. Du moins, Stéphane Richard aimerait que les opérateurs ne puissent pas commercialiser d’offres ADSL moins cher que lui-même ne loue ses lignes de cuivre sur le marché de gros.
« Vous avez aujourd’hui des offres à moins de 10 euros, voire à moins de 5 euros pour un abonnement mensuel à l’ADSL », se plaignait-il devant les députés la semaine dernière lors de son audition par la Commission des affaires économiques, dénonçant une « vente à perte. »
Son raisonnement est simple. L’accès à l’infrastructure cuivre d’Orange est régulé, puisque l’ancien monopole public est le seul à en disposer. Dans le cadre du dégroupage, les opérateurs tiers peuvent souscrire des lignes, à un tarif défini par l’Arcep. Actuellement, il est de 9,31 euros – hors taxe – par mois.
***Moins cher qu’un ticket de métro
Or ses concurrents vendent au client final bien moins cher. SFR par exemple proposait sa box ADSL à 5 euros par mois pendant un an fin août, voire 3 euros en passant par le site Showroomprivé. L’opérateur au carré rouge ne peut mathématiquement pas faire de bénéfice pendant les douze mois que dure la période d’engagement.
« Est-ce que vous connaissez beaucoup de pays qui offrent l’ADSL à 3 euros par mois ? Moins qu’un ticket de métro bientôt », pestait Fabienne Dulac, la patronne d’Orange France, sur BFM Business il y a quelques jours.
« C’est peut-être très bien pour le consommateur, mais ça met en péril tout l’édifice du plan France Très Haut Débit », a fait valoir aux députés Stéphane Richard. En clair, Orange dépense des milliards pour déployer la fibre optique. Il aimerait être sûr de les rentabiliser et éviter que les consommateurs ne restent sur la vieille technologie ADSL bradée par ses pairs.
Le message aux élus est clair : mettez le holà si vous ne voulez pas qu’Orange lève le pied sur les investissements. Le sujet est éminemment politique : les élus locaux reçoivent de nombreuses plaintes de Français n’ayant pas la fibre. Et Emmanuel Macron a promis un « bon débit » Internet à tous d’ici à 2020.
***Amendements dans la loi Pacte
Le patron d’Orange a choisi sa tribune à dessein. L’Assemblée examine en ce moment le projet de loi Pacte. Dans ce texte, la députée Laure de la Raudière avait introduit deux amendements. L’un pour interdire la revente à perte dans l’ADSL. L’autre, plus largement, dans les services, dont un élément est soumis à un tarif réglementé.
« Cela peut aussi se produire dans l’électricité ou le ferroviaire », explique Laure de la Raudière. Ses amendements ont été retirés, mais la parlementaire assure qu’elle va les défendre à nouveau en séance la semaine prochaine.
L’offensive d’Orange n’est cependant pas du goût de tout le monde. « Orange se moque du monde, râle ainsi un concurrent. Début septembre, ils étaient les premiers à brader la fibre, à 9,99 euros par mois ! Ils remplissent les soutes de clients fibre, et ensuite ils vont sans doute réclamer des tarifs minimums sur cette technologie aussi pour brider la concurrence. »
Source : lesechos.fr(27 septembre 2018)