Retraites : si vous avez moins de 56 ans, vous serez concerné par la réforme

Revue de Presse

Une nouvelle concertation a débuté cette semaine sur la réforme de retraites, qui doit être dévoilée au printemps 2019. L’enjeu de l’actuelle discussion concerne le calendrier de la réforme.

Le marathon de Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire aux retraites chargée de préparer la refonte du système d’ici au printemps prochain, a repris lundi dernier. Depuis début novembre, le responsable enchaîne les tours de table avec les partenaires sociaux puis, depuis mercredi, avec les élus pour un deuxième round de négociations. Le premier volet des discussions portait sur le principe même de la réforme (bâtir un système universel par points et abolir les régimes spéciaux), cette seconde concertation concerne le calendrier. Avec une question sensible : quelle sera la première génération concernée par la refonte du système?

Pendant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait fait deux promesses :

  • Les retraités actuels ne seront pas concernés par la réforme
  • Ceux qui étaient, en 2017, à cinq ans de leur départ de la retraite (soit toute personne étant née jusqu’en 1960)
    Depuis, les lignes ont encore bougé. Selon le document de travail du Haut-Commissariat aux retraites remis aux partenaires sociaux et dévoilé jeudi par L’Opinion, la réforme des retraites s’appliquera à partir de 2025. L’âge légal de départ à la retraite étant fixé à 62 ans, la première génération concernée sera celle née en 1963, qui fête cette année ses 55 ans.

Deux autres scénarios sont toutefois sur la table, même s’ils n’ont pas la préférence de l’exécutif.

  1. Appliquer la réforme aux seules nouvelles générations entrant sur le marché du travail à partir de l’entrée en vigueur du texte
  2. Reculer la date d’entrée en vigueur de la réforme à 2030 (ce sont alors les personnes nées à partir de 1968 qui seraient concernées)
    La première option présenterait toutefois un inconvénient majeur : celui de faire coexister deux systèmes de retraites. Ce qui introduit de la complexité là où le gouvernement souhaite simplifier. De plus, cela créerait une France à deux vitesses, alors qu’Emmanuel Macron veut justement bâtir un système universel sans régimes spéciaux. Quant au dernier scénario, le report à 2030, il créé un risque politique : en 2030, Emmanuel Macron, même s’il est réélu en 2022, ne sera plus au pouvoir. Son successeur pourrait très bien détricoter voire abroger la réforme.

De nombreux sujets encore sur la table

Comme dans toute réforme des retraites en France, déterminer la première génération concernée ne suffit pas. Le système comprend une série d’exceptions qu’il faut régler, parmi lesquelles :

  • Le sujet sensible des pensions de réversion dans le cas où son conjoint décède avant l’entrée en vigueur de la réforme, en 2025
  • Le calcul même de ces pensions de réversion revalorisé ou non selon les critères de la réforme après 2025
  • Les départs anticipés à la retraite des régimes spéciaux, possibles à partir de l’âge de 52 ou 57 ans
  • Le cas de ceux qui ont eu des carrières longues et qui peuvent partir avant l’âge légal de départ (62 ans)
    Autant de sujets délicats qui, accumulés, peuvent provoquer la montée des tensions autour du projet de réforme. Cité par Le Figaro, le syndicaliste Dominique Corona (Unsa) expliquait lundi : ‘C’est l’Everest qu’on est en train d’escalader. Et ça va être très compliqué, vu le mécontentement qui monte dans le pays’. A Jean-Paul Delevoye d’éviter ou non l’ascension par la face nord.

Source : lejdd.fr (15 novembre 2018)