Bouygues profite également de cette annonce, affichant une hausse de presque 5%. Car l’échec de l’aventure américaine d’Iliad redonne du crédit à un scénario de consolidation en France. L’idée est bien sûr de marier ces deux acteurs.
Orange, un temps intéressé, a fait savoir que les conditions d’un rachat n’étaient pas réunies même s’il n’exclut pas d’ouvrir à nouveau le dossier, si il y est invité… Du côté de Free, la presse a évoqué des négociations secrètes qui auraient achoppé sur la valorisation de Bouygues Telecom.
Et puis il y a la haine qui unit les deux patrons… « Quelle que soit l’offre, Martin (Bouygues) préférerait crever que de vendre à Free », témoignait un proche du dirigeant.
Marge de manoeuvre
Reste que Xavier Niel, patron d’Iliad/Free fait savoir que ce rachat est loin d’être une de ses priorités. Interrogé en vidéo en juillet dernier cà l’occasion des vingt ans de Fidelity France, un fonds d’investissement proche d’Iliad, le milliardaire souligne que la concentration n’est pas un objectif en soi même si son groupe est attentif aux mouvements du marché.
« On est ravis d’un marché à quatre acteurs, on adore la concurrence. Donc quand on aime la concurrence, on n’a jamais envie que le marché se concentre », explique-t-il.
Dans le même temps, le responsable fait preuve de pragmatisme en indiquant : « Maintenant il y a un certain nombre d’acteurs qui pour des raisons qui leur sont propres, ont envie que le nombre d’acteurs diminue, soit par ce qu’ils souhaitent acheter un acteur, soit par ce que certains acteurs souhaitent se vendre, par ce qu’ils n’ont plus de croissance, par ce qu’ils ont fait des erreurs stratégiques ». Free se « se doit de regarder ce qu’il ce passe sur ce marché ».
Et d’insister : « quand quelque chose bouge, on est toujours là, et toujours disposé à participer à toutes opérations de consolidation sur ce marché là ».
Surtout qu’il y a urgence pour Bouygues Telecom. « Bouygues Telecom est en fait fragile depuis deux ans, depuis l’arrivée de Free Mobile, c’est lui qui a le plus souffert. Aujourd’hui, avec un géant fixe-mobile constitué par SFR/Numericable, ça va être encore plus dur, notamment pour générer des marges et donc des dividendes », nous expliquait Stéphanie Baghdassarian, directrice de recherche chez Gartner.
Bouygues Telecom estime au contraire avoir « largement de quoi se battre et affronter la concurrence ». Comment : grâce à la 4G combinée avec un modèle économique agressif (la 4G est quasiment offerte), Bouygues Telecom estime avoir des cartes en main pour progresser, notamment en proposant au plus vite du LTE-A qui permet encore de doper les débits théoriques.
L’opérateur mise également sur le vaste plan de mutualisation signé avec SFR, plan qui ne sera pas remis en cause par le rachat réalisé par Numericable. Ses coûts de déploiements dans la 4G seront ainsi drastiquement revus à la baisse même l’exécution de ce plan mettra encore du temps à atteindre son rythme de croisière.
Mais en offrant la 4G, Bouygues Telecom se prive d’une valorisation de ses tuyaux bienvenue. Quant à l’accord de mutualisation avec SFR, il semble avoir du plomb dans l’aile. Bref, la marge de manoeuvre semble serrée pour le numéro trois français qui tente de se donner de l’oxygène…, en procédant à des licenciements.