Burn-out : rechuter, ça, jamais!

Revue de Presse

Source : leparisien.fr (30 septembre 2019)

Comment reprendre son travail après un long arrêt maladie, lié à de l’épuisement professionnel ? Des médecins donnent leurs conseils.

Comment reprendre le travail qui vous a épuisé jusqu’à vous consumer? Après un burn-out, le retour à une activité professionnelle est souvent un moment de fragilité, une étape difficile. Pour éviter le piège de la rechute, comme dans 30 à 50 % des cas, il est nécessaire de changer les règles qui vont ainsi délimiter un avant et un après burn-out. Des médecins vous expliquent comment insuffler un nouveau départ, loin de la spirale destructrice.

Comprendre ce qu’il s’est passé

Avant de reprendre son activité professionnelle, il faut d’abord éclaircir les raisons de son épuisement. Car, selon le professeur Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’Université de Paris, le « burn-out est un mot-valise » qui peut cacher un épisode dépressif, une addiction, avec le recours à des stimulants contre le surmenage.

Un travail d’introspection sur les causes « pour ne pas reproduire les mêmes effets » est indispensable, précise Florian Ferreri, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Un psychothérapeute peut aider à verbaliser ses émotions, un médecin du travail, un « allié » selon nos spécialistes, permet de trouver des solutions, d’aménager son poste, les horaires, de cibler, ensemble, les difficultés.

« Mais il serait pervers de tout faire reposer sur l’employé. N’oublions pas que le premier responsable, c’est l’entreprise », précise, d’un ton ferme, Christophe Bagot, psychiatre en cabinet à Paris. Ce spécialiste de l’anxiété encourage à parler de son burn-out à son employeur, à ne pas le garder secret par honte dans le but d’alerter, et peut-être d’insuffler un changement au sein de l’entreprise. Il conseille aussi une reprise en douceur avec un mi-temps thérapeutique. « Cette notion de convalescence, qui n’existe plus aujourd’hui, est extrêmement importante. »

Et si rien n’est possible pour diminuer le stress, alors il faut se poser cette question : cette entreprise est-elle faite pour moi ? Ai-je envie d’y retourner ? « Un certain nombre de personnes changent de métier à cette occasion, raconte le psychiatre Florian Ferreri. Parfois, cela peut être salvateur pour la suite de leur existence. »

10000000000004070000050073bd59826e66692f.jpgBurn-out : rechuter, ça, jamais!

Poser des limites

Temps de présence qui s’envole, incapacité à décrocher… Les personnes qui font un burn-out sont, généralement, des employés surinvestis, soucieux de bien faire et peu satisfaits d’eux-mêmes. « Parfois, ils n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent de leur chef, ou ne parviennent pas à déléguer », explique Florian Ferreri.

Il faut donc se fixer les limites d’un nouvel équilibre. On ne vient pas trop tôt, et on ne reste pas trop tard. À midi, on va déjeuner, se promener, respirer. Et une fois sa journée terminée, ce n’est pas toujours muni de son ordinateur que l’on rentre chez soi. « On se méfie aussi de ces petites machines merveilleuses qui sont les téléphones portables, sourit Michel Lejoyeux. Avec elles, on est sans cesse relié à nos mails. Il faut exercer son droit à la déconnexion. »

Tout mélanger, lire ses courriels lors d’un dîner en famille, répondre à son employeur le dimanche, « cette situation intermédiaire permanente entre le repos et le travail est l’une des choses les plus fatigantes », se désole le psychiatre. Et puis on se concentre mal !

D’après Michel Lejoyeux, il faut être capable d’accorder de « vraies disponibilités à l’amour, la famille, les amis ». Et sortir enfin de « cette situation d’urgence comme si on était un médecin de garde », rappelle-t-il. Les proches peuvent être de bons alliés pour aider à maintenir ses bonnes résolutions.

Se décentrer du travail

Lorsque votre activité professionnelle se répand comme une tache d’huile sur votre emploi du temps, difficile de penser à autre chose, de prendre du recul. Christophe Bagot, psychiatre, invite à se poser cette question : qu’est-ce que je faisais comme activité quand j’avais une vie équilibrée ? « De la danse, du chant, de la photo ? Dans beaucoup de cas, ils ont abandonné ces loisirs », regrette-t-il. Ils sont pourtant la pierre indispensable d’une vie équilibrée.

Quel que soit le sport, « il va falloir se saisir de cet antidépresseur naturel », prône Michel Lejoyeux, également auteur de « La médecine du bon sens ». Attention, pas question de faire un « burn-out du marathon », « il ne faut pas passer d’un épuisement à un autre », prévient-il. Il suffit seulement d’augmenter son rythme cardiaque de 30 % pour ressentir les bienfaits du sport. Et se sentir mieux.