Télécoms : 100% concentrés sur la croissance

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Pourtant, « si les groupes américains et asiatiques ont su tirer profit de leurs innovations, ce n’est pas encore le cas en Europe », observe Bertrand Grau. Alors que Telefonica, Vodafone et Orange ont vu leurs revenus chuter de 4,5 % à 6 % par rapport à 2012, AT&T et Verizon, les deux leaders du marché, ont réalisé chacun plus de 120 milliards de dollars de chiffre d’affaires. En France, les recettes du secteur ont diminué de 6,4 % pour s’établir à 46,6 milliards d’euros hors taxes selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep).
Comment expliquer la chute des revenus alors que le trafic des télécommunications ne cesse de croître ? Pour Bertrand Grau, la baisse des prix des services téléphoniques tient à la forte concurrence du marché. En France, les tarifs d’abonnements mobiles grand public se sont par exemple effondrés de 27,2 % selon l’Arcep. « Pour réaliser des économies d’échelle, les opérateurs ont donc misé sur la croissance externe », explique le spécialiste du secteur.

Deals en série
Fusions entre filiales, acquisitions, partage de réseaux… En 2013, le montant mondial des transactions a explosé et atteint 251,9 milliards de dollars, soit une hausse de 104,7 % selon Mergermarket. Parmi les nombreuses opérations de concentration, citons le rachat de Verizon Wireless par sa maison mère pour un montant record de 130 milliards de dollars. Le rapprochement des filiales allemandes de KPN et de Telefonica illustre la réduction du nombre d’opérateurs en Europe. Cette tendance se poursuit d’ailleurs en 2014. En témoignent, la mutualisation des réseaux de Bouygues Telecom et de SFR et l’acquisition de ce dernier par Numericable.

Monétiser à tout prix
À l’heure où les opérateurs français ne parviennent plus à transformer en profits leurs activités traditionnelles, seul le groupe fondé par Xavier Niel tire son épingle du jeu. C’est en s’appuyant sur une stratégie offensive des prix que Free a dopé sa croissance (+ 18,9 %) en 2013. Redoublant d’efforts pour rester compétitifs, les trois opérateurs historiques ont vu leur chiffre d’affaires reculer. « Aujourd’hui il n’y a pas de solution miracle. Si les acteurs veulent générer de la croissance interne, ils doivent miser sur la qualité des services délivrés », conseille Bertrand Grau. Près de 1,7 milliards d’euros ont été investis en 2013 dans les réseaux à très haut débit². Si les investissements du groupe Orange n’ont pas encore permis à l’opérateur de redresser son chiffre d’affaires, sa marge d’exploitation s’est stabilisée à 31,3 % au premier semestre 2014. Une première depuis cinq ans…

(1) 1 186 milliards d’euros, convertis en dollars selon le cours euro/dollar au 31 décembre 2013.
(2) Source : Arcep