Télécoms professionnelles : Orange peste contre les « méthodes » de l’Arcep

Revue de Presse

Source : latribune.fr (7 février 2020)

Le secrétaire général d’Orange, Nicolas Guérin, juge « les méthodes » du président de l’Arcep « un peu surprenante », et l’accuse d’avoir déjà arrêté sa politique à l’égard ’Orange alors que l’heure est, sur le papier, à la consultation. (Crédits : Regis Duvignau) L’opérateur historique est remonté contre une sortie dans la presse de Sébastien Soriano, le président du gendarme des télécoms, concernant la régulation d’Orange sur le marché des entreprises.

Les relations électriques entre Orange et l’Arcep se poursuivent. Ce vendredi matin, Nicolas Guérin, le secrétaire général d’Orange, était remonté comme un coucou. La veille au soir, il n’a que peu apprécié une sortie de Sébastien Soriano, le président du régulateur des télécoms, dans Les Echos. Dans une interview, ce dernier a présenté le projet d’évolution de la régulation du marché de l’Internet fixe pour la période 2021-2023. Sébastien Soriano a, en particulier, présenté une batterie de mesures visant l’opérateur historique sur le marché des télécoms professionnelles.

Aux yeux de Nicolas Guérin, Sébastien Soriano a dépassé les bornes. Il estime que «  les méthodes » du président de l’Arcep sont «  un peu surprenantes », et l’accuse d’avoir déjà arrêté sa politique à l’égard d’Orange.

« Sébastien Soriano lance une consultation sur des analyses de marché pour la période 2021-2023, s’étrangle Nicolas Guérin. Et on découvre dans la presse qu’en fait, cette consultation ne sert pas à grand-chose puisque de toute façon, un certain nombre de décisions ont déjà été prises ! »

Jugements de valeur »

Il fusille ensuite les «  jugements de valeur » de Sébastien Soriano, lequel estime qu’Orange est «  trop puissant sur le marché des télécoms d’entreprise », justifiant ainsi une régulation plus stricte à son égard.

«  La question n’est pas de savoir si Orange est puissant ou non, sincèrement, dézingue Nicolas Guérin. Il faut arrêter un petit peu! La question, c’est de savoir si la position qu’on a, les parts de marché que nous avons, ont été acquises anormalement. Le rôle de la régulation n’est pas de juger, en valeur, si un acteur est fort ou pas. »

La part de marché d’Orange sur le segment «  entreprises », justement, constitue une pomme de discorde. Sébastien Soriano l’estime à 60%. Ce qui hérisse Nicolas Guérin. «  Qu’est-ce que c’est que ces 60% ? », s’interroge-t-il, rappelant que «  selon l’Autorité de la concurrence, sur le haut de marché, nous sommes à 35-40% sur le cuivre, et à 30-35% sur la fibre, alors que SFR est respectivement à 30-35% et 20-25% ». Dès lors, «  on peut difficilement dire qu’il n’y a pas de concurrence », enchaîne-t-il.

«  Orange n’est pas responsable des difficultés de Kosc »

De manière générale, le dirigeant estime qu’Orange fait ici les frais des difficultés de l’Arcep à ouvrir davantage les télécoms professionnelles à la concurrence. Ces dernières années, le régulateur a notamment fait choix d’introduire Kosc, un nouvel acteur sur le marché de gros, pour démocratiser la fibre auprès des PME. Mais cela n’a pas suffi. Kosc a essuyé des difficultés. Il a finalement été placé en redressement judiciaire, et espère se relancer en s’associant avec un opérateur d’infrastructures.

«  Que Sébastien Soriano constate que ça n’a pas marché et qu’il doit revoir la régulation, je suis d’accord, explique Nicolas Guérin. Mais il n’a pas à se fendre d’accusations ou de sous-entendus sur le fait qu’Orange n’aurait peut-être pas joué le jeu avec Kosc. Ce n’est pas du tout la faute d’Orange ! »

Enfin, Nicolas Guérin critique une sortie de Sébastien Soriano sur le tarif du dégroupage – c’est-à-dire le prix que payent les opérateurs alternatifs pour accéder au réseau cuivre d’Orange. «  On nous dit que les tarifs du dégroupage doivent baisser parce que c’est le meilleur moyen de faire la promotion de la fibre », fulmine Nicolas Guérin, qui estime qu’ «  il faut faire totalement l’inverse » pour arriver à ce résultat.