Coronavirus : le congrès des télécoms à Barcelone est finalement annulé

Revue de Presse

Source : lefigaro.fr (13 février 2020)

La pression était trop forte sur le GSMA, l’association organisatrice du Mobile World Congress (MWC). Dans la journée de mercredi, les nouvelles défections de gros opérateurs européens comme Deutsche Telekom et Vodafone ont fragilisé encore plus la tenue du MWC la grand-messe de la téléphonie attendue à Barcelone du 24 au 27 février. Pendant la journée, la ville de Barcelone et les autorités espagnoles ont tout fait pour empêcher l’annulation de cet événement qui rassemble près de 110 000 participants dans la ville. Mais, au terme d’une réunion de crise qui s’est déroulée par téléphone, avec la participation d’Orange qui préside le GSMA, la décision a été prise. Le plus grand salon mondial des télécoms est annulé en raison de l’épidémie de coronavirus.

En une semaine, une trentaine de grands groupes avait fait défection par crainte de la contagion du virus avec la venue de nombreuses entreprises chinoises.

Après les constructeurs (Sony, Umdigi ou Vivio), les spécialistes des réseaux (Cisco, Ericsson, Nokia) et les géants du web (Amazon et Facebook), les opérateurs télécoms eux-mêmes, principaux promoteurs de l’événement, ont commencé à faire défaut. Le japonais NTT Docomo a été le premier à annoncer faire marche arrière, il a été suivi par l’américain AT & T, le britannique Vodafone, l’allemand Deutsche Telekom. Tous ces grands noms comptent parmi les plus gros clients du salon.

Une facture très élevée

Cette annulation va avoir un coût considérable. Au prix de la location des pavillons -plus de 1000 euros le mètre carré, ce sont plus de 400 millions d’euros que les organisateurs devraient rembourser aux participants. Sans compter les réservations de vols, de nuits d’hôtels et le montage des stands, ainsi que les entrées, facturées de 800 à 5 000 euros. Si les entreprises qui ont annulé d’elles-mêmes leur venue devraient régler l’addition, les autres chercheraient à récupérer les frais engagés en vain. L’urgence sanitaire n’étant déclarée ni par le gouvernement espagnol ni par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on voit mal quelle raison de force majeure pourrait alléguer GSMA pour demander réparation à ses assureurs.

Si les organisateurs attendaient une annonce des autorités espagnoles pour justifier leur décision ou convaincre les assurances, ils ont été

déçus. Mercredi après midi, le ministre de la Santé espagnol, Salvador Illa, et la ministre régionale catalane, Alba Vergés, ont tenu une conférence de presse dans laquelle ils semblaient se désolidariser préventivement de l’annulation. En espagnol, en catalan et en anglais, les deux responsables politiques se sont alternés pour nier l’existence de base médicale ou scientifique justifiant une mesure aussi drastique. Il l’a ainsi indiqué qu « il n’existe aucune raison de santé publique pour prendre aucune mesure complémentaire concernant aucun événement à Barcelone, en Catalogne ni en Espagne». De son côté, Alba Vergés précisait que si les organisateurs « décident librement de prendre des mesures, nous devons le respecter, mais nous leur avons donné toute l’information des experts sanitaires». L’Espagne a détecté 38 cas suspects de coronavirus dont seulement deux positifs, l’un sur les îles Baléares et l’autre aux Canaries. Aucun des deux ne présente de symptômes.