Le torchon brûle entre Orange et l’Arcep

Revue de Presse

Source : lesnumeriques.com (12 juillet 2020 )

Par voie de presse, l’Arcep et Orange se tapent dessus mutuellement. Le premier accuse le second de ne pas faire assez d’effort dans le déploiement de la fibre, ce que l’opérateur dément en accusant à son tour le régulateur de ne pas être impartial.

La hache de guerre est déterrée. Depuis la fin 2019, Orange et l’Arcep (le régulateur des télécoms) se tirent dans les pattes de façon intermittente. Le dernier accrochage est public, assumé, et s’est déroulé par articles de presse interposés dans le journal Les Échos.

Dans un entretien publié le 7 juillet, Sébastien Soriano, le président de l’Arcep, règle largement ses comptes avec Orange. Revenant sur le sujet du déploiement de la fibre optique, le patron régulateur estime que ‘le boulot n’a été fait qu’à moitié” par l’opérateur historique et que l’entreprise doit clarifier ses intentions et son calendrier. Il prend l’exemple de Clermont-Ferrand et Lille où la couverture est “à moins de 55 %”. Derrière ce chiffre, Sébastien Soriano suspecte Orange de vouloir “garder son réseau cuivre un peu plus longtemps que nécessaire” pour faire des économies.


Domination d’Orange dans l’entreprise

Devant ces accusations, Fabienne Dulac et Nicolas Guérin, respectivement directrice générale adjointe et secrétaire général d’Orange, répondent par les chiffres. “Avec près de 20 millions de prises, la France est aujourd’hui le pays le plus fibré d’Europe, et Orange a assuré 70 % de ces déploiements”, répliquent-ils. Qui plus est, Orange devrait être en mesure “de déployer en 2020 autant de prises qu’en 2019”, et ce malgré la crise, rappelle Orange. Pas de volonté non plus de “tirer profit d’une prétendue rente [du] réseau cuivre”, comme le suggère l’Arcep, puisque l’opérateur ne commercialise plus d’offre ADSL dans les logements éligibles à la fibre.

L’Arcep et Orange s’écharpent également sur la question du marché de l’entreprise. Dans son interview pour Les Échos, Sébastien Soriano s’inquiète du fait qu’Orange détienne “63 % du marché des TPE de moins de 50 salariés et 62 % du marché des PME de moins de 500 salariés”. Une situation qui “laisse penser qu’Orange construit son avenir sur une hypothèse de domination”, s’inquiète le président de l’Arcep. Inacceptable pour Orange qui “assume parfaitement d’être leader sur le marché des télécoms d’entreprises en France”, et qui n’a pas comme projet de perdre ses clients pour satisfaire le régulateur. Pour l’opérateur historique “si beaucoup d’entreprises font confiance à Orange, c’est aussi parce qu’elles sont satisfaites de nos services”, et rien de plus.

L’ambiance n’est donc pas au beau fixe et Orange accuse l’Arcep de faire un “procès d’intention” et de ne pas être “un régulateur juste et impartial”. Ces reproches ne sont pas nouveaux. Déjà en février 2020, l’Arcep tirait les oreilles d’Orange à propos de la situation du réseau cuivre. Quelques mois auparavant, Orange avait porté plainte (puis avait finalement abandonné la procédure) contre l’Arcep et menaçait de priver le régulateur de son pouvoir de sanction. Une affaire qui n’en finit pas de rebondir.