Orange veut faire davantage payer ses concurrents pour l’entretien du réseau cuivre

Revue de Presse

Source : lesnumeriques.com (29 janvier 2021 )

SFR, Bouygues Telecom et Free souhaiteraient voir le tarif du dégroupage baisser. Orange réclame au contraire son augmentation pour entretenir correctement un réseau cuivre vétuste qui fait l’objet de nombreuses critiques.

L’entretien du vétuste réseau cuivre d’Orange fait encore débat. SFR, Bouygues Telecom et Free aimeraient voir une baisse du tarif du dégroupage qu’applique Orange aux opérateurs utilisant ce réseau. Mais Stéphane Richard estime qu’il manquerait “plusieurs centaines de millions d’euros supplémentaires” pour entretenir le réseau, selon des propos rapportés par Les Échos. Le PDG d’Orange réclame ainsi une hausse de 3 € des tarifs de location à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), dont Laure de la Raudière, ancienne cadre d’Orange, vient de prendre la tête. L’Arcep régule en effet ce prix, fixé à 9,65 € par ligne et par mois sur la période 2021-2023.

L’Arcep indiquait en septembre 2020, lors de sa proposition de nouvel encadrement tarifaire sur la période, qu’il était “pertinent d’inciter à la fermeture du réseau cuivre en introduisant la possibilité d’une révision à la hausse du tarif, y compris au cours du cycle 2021-2023, en cas de présentation concrète par Orange d’un plan de fermeture du réseau cuivre et en fonction des garanties qu’il présenterait quant à la rapidité de la transition entre cuivre et fibre”.

Orange investirait aujourd’hui 500 millions d’euros dans un réseau cuivre dont la vétusté est décriée par un grand nombre d’élus locaux. Une mission parlementaire de quatre semaines a par ailleurs été lancée mi-janvier 2021 pour tenter d’améliorer le service de téléphonie fixe dans les zones rurales. La députée Célia de Lavergne (LREM) a pris les rênes de cette consultation. Si Stéphane Richard ne nie pas la vétusté du réseau, il considère comme excessives les critiques envers Orange, qui aurait recruté 20 % de techniciens spécialisés supplémentaires en 2020 et augmenté de tout autant ses opérations de maintenance préventive.


Des relations glaciales entre Orange et Free

Cette semaine, le fondateur d’Iliad et de Free, Xavier Niel, a suggéré que “si cette activité est déficitaire pour Orange, pourquoi ne pas sortir le réseau de la société pour en faire une filiale cotée à part, indépendante, comme dans un certain nombre de pays ?”, toujours selon des propos rapportés par Les Échos. Xavier Niel fustige une “marge” effectuée par Orange grâce au dégroupage et affirme que l’opérateur “n’a pas dépensé cet argent pour entretenir ce réseau, volontairement”.

Rappelons qu’en 2018, l’Association des opérateurs télécoms alternatifs (Aota), qui représente aujourd’hui 50 opérateurs, avait saisi l’Arcep pour que celle-ci se penche sur une possible scission de l’activité d’Orange  : une activité pour gérer l’infrastructure et une autre pour les services. Les opérateurs estimaient qu’il leur était impossible de proposer des offres commerciales identiques à celles d’Orange. Pour eux, celui-ci pouvait se permettre d’investir autant dans le déploiement de la fibre optique grâce aux locations payées par les autres opérateurs pour l’accès au réseau cuivre dans le cadre du dégroupage, alors que cette rente devait avant tout servir à l’entretien de ce même réseau. L’Arcep s’était finalement opposée à la scission.

Les relations entre Orange et Free se sont décidément refroidies cette semaine. Stéphane Richard a profité de ses vœux à la presse pour en remettre une couche au sujet de la stratégie 5G de son concurrent. “Nous avons fait le choix des fréquences 3,5 GHz pour la 5G. Le reste, ce n’est pas de la 5G, même si ça peut en porter le nom. C’est de la 4G améliorée”, a-t-il déclaré, fustigeant au passage les “taux de couverture trompeurs” de certains opérateurs — comprenez Free. Enfin, Orange a indiqué avoir mis fin jeudi 28 janvier aux discussions sur un accord de partage de réseau mobile avec Free, “constatant une divergence de stratégie de déploiement”. Du côté d’Iliad, on a regretté en face “une société qui n’avançait pas, qui ne tranchait pas”.