Télétravail : vers un assouplissement des mesures

Revue de Presse

Source : journaldunet.com (28 avril 2021 )

Bientôt le retour au bureau pour les télétravailleurs ? La ministre du Travail Elizabeth Borne a indiqué mardi 27 avril sur BFMTV que le retour en présentiel se ferait par étapes, en même temps que la réouverture des terrasses de bars et restaurants. Elle a échangé sur le sujet lors d’une visioconférence avec les partenaires sociaux ce lundi 26 avril, et si cette réunion n’avait pas pour but de se mettre d’accord d’emblée sur les modalités (elle était présentée en amont comme ‘non conclusive’), elle acte un retour progressif sur les lieux de travail. Selon la ministre, l’assouplissement des règles dans les lieux de restauration en entreprise suivra celui des règles concernant les restaurants. La reprise des moments de convivialité devra quant à elle attendre une situation sanitaire plus favorable.

A l’heure actuelle, la règle reste le télétravail à 100% dès que c’est possible, avec une dérogation d’un jour par semaine au bureau pour les salariés qui en ressentent le besoin. Ceux qui ne peuvent pas télétravailler parce qu’ils ont besoin d’équipements spécifiques pour travailler, comme les architectes, peuvent se rendre au travail ‘ponctuellement.’ Ceux qui exercent des métiers qui ne peuvent s’effectuer à distance (BTP, intervenants à domicile…), eux, sont dispensés de télétravail. Une attestation de l’employeur est nécessaire pour les trajets entre le domicile et le lieu de travail jusqu’à la fin du confinement, et le restera ensuite pour les trajets durant le couvre-feu, entre 19h et 6h.

Par ailleurs, la déclaration des revenus de 2020 a ouvert ce mois d’avril. Cette année, les salariés en télétravail devront faire attention à la façon dont ils déclarent les allocations versées par leur employeur au titre du télétravail. Les allocations versées par les employeurs en 2020 au titre du télétravail seront en effet exonérées d’impôts, comme l’ont annoncé les ministres de l’Economie Bruno Le Maire et des Comptes publics Olivier Dussopt en début de mois. Sont concernées par cette exonération les allocations versées sous forme :

  • D’indemnités
  • De remboursements forfaitaires
  • De remboursements de frais réels.
    Concernant les allocations forfaitaires, l’exonération s’applique dans la limite de 2,5 euros par jour de télétravail, soit une exonération de 50 euros pour un mois de 20 jours de télétravail. L’allocation spéciale forfaitaire est présumée exonérée dans la limite annuelle de 550 euros, précise Bercy. Pour les salariés ayant opté pour la déduction des frais professionnels pour leur montant réel et justifié,  les frais engagés pour les besoins de leur activité professionnelle pourront être déduits à hauteur des montants ci-dessus ou pour leur montant exact si cette option est plus favorable. Les frais de déplacement et de restauration ne sont pas concernés par cette exonération.


Le télétravail est-il obligatoire pendant le confinement ?

Cela revient-il à dire que le télétravail est obligatoire ? Pas au sens de la loi. ‘Seule une disposition législative impérative pourrait rendre le télétravail obligatoire mais la portée d’une telle mesure devrait être relativisée. En pratique, toutes les fonctions ne peuvent pas être réalisées en télétravail et, pour un fonctionnement optimal, la présence de certains est parfois indispensable. Dès lors, dans le cadre de son pouvoir d’organisation, l’employeur conserve nécessairement une marge d’appréciation dans les modalités de mise en œuvre du télétravail’, explique Vincent Manigot, avocat au département droit social du cabinet De Pardieu Brocas Maffei. Toutefois, selon l’avocat, l’employeur, qui rappelons-le est responsable de la sécurité de ses salariés, risque gros s’il ne généralise pas autant que faire se peut le télétravail dans son entreprise  : ‘L’employeur qui déciderait de ne pas mettre en œuvre le télétravail, lorsque cela est possible, pourrait voir sa responsabilité engagée pour un manquement à son obligation de sécurité, s’il est établi qu’il n’a pas mis en place un protocole sanitaire adéquate et que ses salariés ont été exposées à une situation de danger qui pouvait être évitée’.


Télétravail et coronavirus : ce qu’il faut savoir

Il est possible de se déplacer dans le cadre de son travail uniquement quand le télétravail est impossible. L’employeur doit alors délivrer une attestation dérogatoire permanente. Les travailleurs non-salariés, eux, doivent utiliser l’attestation de déplacement dérogatoire et choisir le premier motif de déplacement, afférent aux trajets professionnels. Pour rappel, en plus de l’attestation dérogatoire, se munir de toute pièce justificative permettant de prouver la nécessité du déplacement. ‘Pour les fonctionnaires et les travailleurs indépendants, la carte professionnelle fait foi’, a précisé le Premier ministre en conférence de presse.

Les personnes vulnérables qui ne peuvent ni recourir au télétravail ni bénéficier de certaines mesures de protection renforcées sur leur lieu de travail ou sur leur trajet domicile-travail peuvent bénéficier du chômage partiel. 


Qu’est-ce que le télétravail ?

D’après l’article L1222-9 du Code du travail, le télétravail désigne ‘toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication’. On entend donc par télétravail toute forme de travail à distance s’effectuant notamment via une connexion Internet.


Comment se passe le télétravail ?

En télétravail, le salarié effectue le même temps de travail qu’en entreprise. Le salarié en télétravail doit respecter le temps de travail de son entreprise, être joignable sur les heures de travail de l’entreprise et respecter une pause de onze heures entre chaque période travaillée.


Qui a droit au télétravail ?

Tous les salariés ont droit au télétravail, y compris ceux qui sont à temps partiel. Toutefois, l’employeur est en droit de refuser les demandes de télétravail qui lui sont formulées, à condition de justifier ce refus.


Télétravail : que dit la loi ?

Le gouvernement a créé un droit au télétravail pour les salariés français dans la loi pour le renforcement du dialogue social, promulguée en septembre 2017. Le télétravail en entreprise est encadré par la loi. Il doit être mis en place dans le cadre d’un accord collectif ou, à défaut, dans le cadre d’une charte établie par l’employeur après consultation du comité social et économique. Si un accord ou une charte s’applique, ce texte doit notamment préciser :

  • Les conditions de passage en télétravail et les conditions de retour en entreprise
  • Les modalités d’acceptation par le salarié des conditions de mise en œuvre du télétravail
  • Les modalités de contrôle du temps de travail et les plages horaires durant lesquelles l’employeur peut contacter le salarié en télétravail.
    En l’absence d’un accord ou d’une charte, le salarié et son employeur peuvent s’accorder pour recourir au télétravail. Ils doivent impérativement formaliser cet accord par le moyen de leur choix. Un courriel, par exemple, peut suffire.

Sauf circonstances exceptionnelles ou cas de force majeure (article L. 1222-11 du code du travail), comme dans le cadre de la crise sanitaire du coronavirus, le salarié doit être d’accord pour être en télétravail. Le fait de refuser d’être en télétravail ne peut pas constituer un motif de licenciement.

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Télétravail après le 2 juin 2020 : l’employeur peut-il refuser le télétravail ?

Entre les deux confinements, l’employeur avait légalement la possibilité de refuser le télétravail à un salarié. S’il estimait que les conditions de reprise d’activité étaient conformes aux consignes sanitaires sur le lieu de travail décrites dans le protocole national de déconfinement, l’employeur pouvait donc refuser le maintien en télétravail. Mais, tout comme il devrait également le faire en temps normal, l’employeur avait alors l’obligation de motiver ce refus.


Télétravail et obligations de l’employeur

Les obligations de l’employeur vis-à-vis du salarié en télétravail sont multiples :  

  • L’employeur peut refuser le télétravail à un salarié qui occupe pourtant un poste qui permet d’en bénéficier (dans les conditions prévues par accord d’entreprise ou par charte). Cependant, l’employeur a alors l’obligation de motiver sa réponse, en démontrant, par exemple, pourquoi les tâches exercées sont incompatibles avec le télétravail
  • En ce qui concerne le matériel, l’employeur a l’obligation d’informer le salarié de toute restriction d’usage d’équipements, d’outils informatiques ou de services de communication électronique ainsi que des sanctions encourues en cas de non-respect de ces restrictions d’usage
  • L’employeur a enfin l’obligation d’organiser un entretien annuel avec le salarié en télétravail afin de revenir, entre autres, sur les conditions d’activité du salarié et sa charge de travail.


Droits du salarié en télétravail

Ce qui vaut pour les titres-restaurants vaut de manière générale : un salarié en télétravail bénéficie des mêmes droits individuels et collectifs que l’ensemble des salariés de l’entreprise, notamment en matière de :

  • Accès à la formation
  • Respect de la vie privée
  • Santé et sécurité au travail
  • Accès aux activités sociales de l’entreprise, aux informations syndicales, aux avantages sociaux (titres-restaurant, chèques vacances, etc.).
    Un salarié en télétravail doit avoir les mêmes droits qu’un salarié présent dans les locaux. A ce titre, il peut prétendre aux mêmes droits en termes de rémunération, de temps de travail, de congés payés… Le télétravailleur bénéficie également d’une affiliation au régime général de protection sociale ainsi qu’au régime de retraite complémentaire. Le salarié peut également demander le remboursement des frais liés au télétravail. Le salarié en télétravail a des droits, mais il a aussi des obligations : comme tous les salariés, le télétravailleur doit respecter les obligations fixées par son employeur et s’expose à des sanctions disciplinaires (comme l’avertissement ou encore la mise à pied) en cas de non-respect.