Comment réapprendre à dire non face aux sollicitations de sorties post-Covid

Revue de Presse

Source : huffingtonpost.fr (21 octobre 2021 )

Cet été, les Français ont pu partir en vacances. Et depuis la rentrée, il a fallu renouer avec le quotidien tel qu’il s’était figé en mars 2020. “Du jour au lendemain on se retrouve à avoir la vie d’avant, le travail, les transports, les sorties. On n’a pas eu le temps de s’y préparer”, soulignait Claire Leconte dans cet article du HuffPost.

PSYCHOLOGIE – Pendant près de deux ans, rien de ce que l’on avait l’habitude de faire n’était aisé, voire possible. Aller au cinéma, au restaurant, se rendre à une exposition, aller boire un verre, ou ne serait-ce que se rendre chez des amis après le couvre-feu, toutes ces activités ont été mises entre parenthèses.

Mais petit à petit, la vie a commencé à reprendre son cours. Cet été, les Français ont pu partir en vacances. Et depuis la rentrée, il a fallu renouer avec le quotidien tel qu’il s’était figé en mars 2020. “Du jour au lendemain on se retrouve à avoir la vie d’avant, le travail, les transports, les sorties. On n’a pas eu le temps de s’y préparer”, soulignait Claire Leconte dans cet article du HuffPost.

Ce retour à la “vie d’avant” a pu entraîner chez certains une fatigue intense, plus prononcée depuis cette rentrée que les années passées. Une autre des conséquences de ce renouveau, c’est la frénésie qui peut s’emparer de nous dès lors qu’il s’agit de planifier des sorties.

“Besoin de rattraper le temps perdu”

“On a besoin de rattraper le temps perdu, ce temps qui, en quelque sorte, nous a été volé. Retourner vers l’extérieur procure de la joie, mais en même temps c’est épuisant, car on va dans tous les sens”, constate la psychiatre Christine Barois, contactée par Le HuffPost. “Le manque de culture, de sorties, a été important pendant deux ans. Aujourd’hui, on vit une sorte de frénésie, de boulimie de profiter du moment présent, tout en ne sachant pas de quoi sera fait demain”, note de son côté la psychologue Catherine Verdier.

La crainte, rationnelle ou non, d’une prochaine vague de Covid, intensifie en effet cette envie de sortir, de faire à outrance. “Ils ont une espèce de fureur de vivre et se retrouvent systématiquement en mouvement”, note pour franceinfo Christophe Haag, professeur et chercheur en psychologie sociale à l’EM Lyon, qui évoque même une “boulimie sociale”.

“On n’ose plus freiner”

Quitte à ce que, parfois, ce soit trop. “On n’ose plus freiner car on a peur de ce qui peut se passer par la suite”, ajoute-t-elle. “Il faut apprendre à dire non”, ajoute Christine Barois. Certains spécialistes alertent sur le risque d’épuisement, de burn out à venir. “Aujourd’hui, beaucoup se retrouvent dans une ‘sursollicitation’ de leur environnement social. Ils se font violence, se fatiguent et creusent un déséquilibre entre les contraintes extérieures et leurs ressources personnelles. Ce qui va finir par créer un épuisement psychique et émotionnel”, alerte la psychologue Agnès Bonnet-Suard, également contactée par franceinfo.

Mais comment faire? Comment refuser ces sorties dont nous avons été privés pendant des mois? Comment retrouver un rythme et réapprendre à poser des limites quand il faut déjà se réhabituer à vivre “normalement”?

On peut commencer par être factuel. “Rappeler que les semaines font sept jours, qu’on a beaucoup de travail, qu’on est fatigué et qu’on a besoin de se reposer”, indique Christine Barois.

S’interroger sur ce qui importe vraiment

Ensuite, il convient d’être au clair avec soi-même, de réfléchir à ce qui nous semble le plus urgent et le plus important. “On se pose et on s’interroge cinq minutes sur ce qui nous fait courir, quels sont nos besoins, de quoi on a vraiment envie”, explique Catherine Verdier.

Quelles sont ces choses importantes qui doivent avoir une place dans notre vie? Pour certains, il s’agira de consacrer du temps à ses enfants, d’autres à des amis, d’autres encore à cuisiner ou à faire du sport.

À ce titre, les différents confinements ont pu nous éclairer et nous apporter des habitudes que l’on peut retrouver. “Nombreux sont ceux à avoir trouvé cela reposant, de se libérer des responsabilités sociales. En confinement, on pouvait prendre du temps pour soi, pour faire à manger, pour faire du sport”, poursuit-elle. Même si, à mesure que l’épidémie semble s’éloigner, le temps semble à nouveau nous manquer, ces bonnes habitudes que l’on a pu prendre n’ont pas à être toutes abandonnées. Pas besoin, ajoute Catherine Verdier, d’attendre un nouveau confinement pour se reposer enfin. Au contraire, “c’est peut-être l’occasion de réfléchir, de se demander que faire pour ralentir et conjuguer vies professionnelle, familiale ou sociale”.