Chez Orange, Stéphane Richard, l’homme de la paix sociale avant tout

Revue de Presse

Source : lemonde.fr (28 janvier 2022 )

Si le PDG sortant a réussi à apaiser le climat au sein d’un groupe meurtri par la «  crise des suicides », il n’a pas été en pointe sur la diversification de l’activité.

1000000000000298000001bbd9cd32cd3d3ba284.jpgStéphane Richard, le PDG d’Orange, à Paris, le 7 septembre 2020.Stéphane Richard, le PDG d’Orange, à Paris, le 7 septembre 2020. JOEL SAGET / AFP

En plus de lui coûter son siège de PDG, sa condamnation en appel à un an de prison avec sursis dans l’affaire Tapie risque d’entacher son image dans l’opinion publique. Pourtant, chez Orange, dont il cédera les commandes à Christel Heydemann début avril, Stéphane Richard restera l’homme de l’apaisement social. Celui qui a mis fin à la «  crise des suicides ».

A son arrivée, à l’automne 2009, l’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère de l’économie découvre un groupe dévasté. En deux ans, 35 salariés de l’ancien France Télécom se sont donné la mort, certains sur leur lieu de travail. Focalisé sur le plan d’économies NExT et ses 22 000 suppressions de postes, Didier Lombard, le PDG de l’époque, qui sera condamné fin 2019 en première instance à un an de prison, dont quatre mois ferme, pour harcèlement moral, est dépassé.

Censé se faire la main à l’échelle internationale avant de prendre la direction générale, Stéphane Richard est envoyé en urgence dans la filiale française. Le dirigeant – âgé de 48 ans à l’époque – gèle sur le champ les mobilités internes, vécues comme des sanctions ou comme des incitations à aller voir ailleurs.

Il multiplie les déplacements, rencontre les salariés, leur parle et, surtout, les écoute. La greffe prend rapidement. Le climat s’apaise. L’ancien haut fonctionnaire gagne une aura interne qu’il ne perdra plus. Il devient directeur général d’Orange dès mars 2010, avec un an d’avance sur le calendrier initial. Onze mois plus tard, le diplômé d’HEC et de l’ENA est PDG.

«  Peu de prise de risque »

«  Stéphane Richard a récupéré une entreprise traumatisée. Son écoute et son accessibilité ont contribué à refermer les cicatrices. Il bénéficie toujours de cet acquis auprès des équipes », salue Vincent Gimeno, élu CFDT, l’un des trois représentants des salariés au conseil d’administration d’Orange. «  Les salariés trouveraient injuste un départ précipité », insiste un autre élu. Alors que le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait fixé une date butoir au 31 janvier, Stéphane Richard devrait garder le siège de président jusqu’à l’assemblée générale des actionnaires du printemps, le temps de lui trouver un remplaçant.

La convergence des réseaux fixes et mobiles dans tous les pays où Orange est présent ainsi que l’unification des filiales africaines sont à mettre au crédit du PDG sortant

A l’heure de son bilan, il sait que tout le monde lui parlera de l’apaisement social. «  C’est essentiel, et c’est peut-être mon plus beau résultat. Ce qui me hérisse un peu, c’est que je ne voudrais pas que l’on ne retienne que cela », déclare-t-il. Mais, au risque de l’agacer, en dehors du volet social, les commentaires sont moins unanimes.