Télécoms : le marché des entreprises s’ouvre davantage à la concurrence

Revue de Presse

Source : business.lesechos.fr (1er février 2022 )

En France, les télécoms d’entreprise représentent un marché de plus de 8 milliards d’euros en 2020, soit un tiers du marché total, selon les derniers chiffres de l’Arcep.

La crise du Covid-19 a poussé les PME à se numériser et à comparer les offres sur ce marché traditionnellement dominé par Orange et SFR. L’arrivée de Bouygues Telecom et de Free et le renforcement d’opérateurs régionaux, apporte un peu plus de concurrence.

Hausse du mobile, résiliation des lignes fixes classiques, percée de Teams et de Zoom… La pandémie a bouleversé les usages télécoms dans les entreprises. Mais quid du jeu concurrentiel entre les opérateurs ?

Après deux ans de pandémie, le marché des télécoms d’entreprise – un segment de plus de 8 milliards d’euros longtemps dominé par Orange et, dans une moindre mesure, par SFR – commence à devenir plus compétitif.

Même l’Arcep, le régulateur du secteur, le reconnaît. « Le panorama des offres a beaucoup changé, explique sa présidente, Laure de La Raudière. En 2017, seuls 11 % des lignes de fibre optique de bout en bout (FTTH) comportaient une offre activée de gros. Nous sommes désormais à près de 90 % ! » Les petits opérateurs n’ayant pas de réseau en propre peuvent donc plus facilement se brancher sur le réseau fibre des grands opérateurs nationaux pour ensuite vendre leurs offres de détail aux entreprises.

« Le marché des télécoms d’entreprise n’est plus un duopole, estime même François Treuil, le directeur de Bouygues Telecom Entreprises. C’est un marché en ébullition, avec beaucoup d’innovation. Dès que les entreprises ont plus de 25 salariés, nous avons en face trois à quatre concurrents ! » « Il y a une forte concurrence au niveau régional, avec des acteurs locaux [Celeste, ielo…] », remarque aussi Emmanuel Pugliesi, directeur exécutif chez SFR Business.

Coup d’accélérateur

Pour les entreprises, c’est une bonne nouvelle. La faible concurrence sur ce marché dominé à 85-90 % par Orange et SFR a longtemps été vue comme un frein à la numérisation des PME. Offres trop chères, pas adaptées… En 2020, 55 % des PME françaises avaient une intégration « basique » du numérique, soit moins que la moyenne européenne (60 %), selon le dernier classement DESI de la Commission européenne.

Numérique : la crise accélère sa transformation et booste son activité

Entre-temps, la pandémie a donné un gros coup d’accélérateur. Les besoins évoluant et face à l’urgence, certaines entreprises en ont profité pour changer d’opérateur, après des années voire des décennies auprès du même fournisseur. Le marché aussi s’est « virtualisé », avec des opérateurs proposant uniquement des services (visioconférence, hébergement cloud…) dissociés de la connectivité (fibre, 4G), ce qui fait que le budget télécoms d’une entreprise peut désormais être éclaté entre plusieurs opérateurs.

Mais c’est surtout le passage à la fibre qui a ouvert davantage le marché. « Désormais, 70 % de nos ventes se font sur la fibre, rappelle Emmanuel Pugliesi. Pour envoyer leurs devis, les artisans ont besoin de la fibre, et c’est la même chose pour les agences bancaires qui font de la visioconférence. »

Vague de consolidation

Si le marché s’anime, c’est aussi que deux nouveaux acteurs ont fait irruption : Bouygues Telecom et Free. L’opérateur de Martin Bouygues s’est lancé en 2019 sur ce segment en rachetant successivement deux petits opérateurs spécialisés, Keyyo puis Nerim. Puis, début 2021, Free a lui aussi fait irruption, en lançant une box à 50 euros par mois pour les professionnels. « Le marché des entreprises va être l’un de nos principaux leviers de croissance sur les trois prochaines années », explique Thomas Reynaud, le directeur général d’Iliad (la maison mère de Free).

A cela s’ajoute le renforcement des opérateurs régionaux dits « alternatifs ». Ces acteurs se sont consolidés, en témoigne la fusion la semaine dernière entre les opérateurs Netalis et ASC. Ils offrent désormais une alternative crédible sur les territoires. « Mais les entreprises d’envergure nationale veulent toujours s’adresser à des opérateurs nationaux », tempère Emmanuel Pugliesi. Même si le marché s’ouvre davantage, Orange et SFR conservent encore une longueur d’avance, liée à leur réseau de fibre et à leurs équipes présentes sur tout le territoire.