Chez Orange, la nomination du futur président met le groupe sous tension

Revue de Presse

Source : EXTRAIT lemonde.fr/e (14 mars 2022 )

Les salariés actionnaires s’opposent à un projet de changement des statuts qui permettra au prochain président de l’opérateur de rester en poste après ses 70 ans.

Le logo du groupe de télécoms Orange, à Nanterre (Hauts-de-Seine), le 5 octobre 2017.Le logo du groupe de télécoms Orange, à Nanterre (Hauts-de-Seine), le 5 octobre 2017. CHARLES PLATIAU / REUTERS

Entré dans sa dernière ligne droite, le processus de nomination du futur président d’Orange, appelé à remplacer Stéphane Richard après l’assemblée générale des actionnaires du 19 mai, provoque de vives tensions en interne. «  Tout le monde tire à hue et à dia, y compris au sein du comité exécutif, afin de se placer auprès du futur président. On est entre “Dallas” et “Versailles”, maugrée un cadre, agacé par cette agitation, pas inédite dans ce genre de processus, mais exacerbée par la situation. Ce changement de présidence a été décidé dans la précipitation après la condamnation en appel de Stéphane Richard, le 24 novembre 2021, dans l’affaire Tapie.

Agacés, les salariés actionnaires le sont également. Détenteurs d’un peu plus de 7 % du capital et 11 % des droits de vote de l’opérateur télécoms par le biais du fonds commun de placement d’entreprise (FCPE) Orange Actions, ils s’opposent à un projet de changement des statuts du groupe visant à faciliter la sélection de l’heureux élu.

Si elle était adoptée le 19 mai, cette résolution permettrait au président d’Orange de rester en place au-delà de ses 70 ans, alors que la règle existante prévoit une fin de mandat automatique dès cette limite d’âge atteinte. Cité parmi les favoris pour ce poste, Jacques Aschenbroich, actuellement président de Valeo, qui fêtera ses 68 ans le 3 juin, ne pourrait aujourd’hui rester que deux ans à la tête de l’opérateur. Après le changement de statut, il serait en mesure d’effectuer l’intégralité d’un mandat de quatre ans. La logique prévaudrait aussi pour Patricia Barbizet, qui aura 67 ans le 17 avril, également citée comme candidate à la présidence.

Les salariés actionnaires d’Orange trouvent «  très surprenant » ce changement de statuts alors que, dans le même temps, la direction a lancé un plan de départs volontaires baptisé «  temps partiel senior » visant 6 000 à 10 000 salariés du groupe et ouvert aux personnes de plus de 57 ans. «  Comment le personnel pourrait-il accepter qu’Orange soit présidé par un septuagénaire, alors que les enjeux nécessitent des dirigeants plus jeunes ? », s’étonnent-ils dans un communiqué publié lundi 14 mars. Qui plus est, ce président de plus de 70 ans ne pourrait faire qu’un seul mandat, ce qui contraindrait Orange à devoir désigner un nouveau capitaine dans quatre ans. Avec le risque de provoquer un nouveau psychodrame.

Test auprès des grands actionnaires

Selon les salariés actionnaires, la future directrice générale, Christel Heydemann, qui prendra ses fonctions le 4 avril, n’a pas besoin d’un «  président qui a l’âge de son père, mais d’un acteur capable de lui apporter le soutien indispensable pour lui permettre de conduire l’entreprise vers le retour à la croissance ».