Orange boucle sa plus grosse acquisition depuis dix ans

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Source : LesEchos.fr (19 mai 2015)

La Commission européenne a donné son feu vert mardi à l’achat de Jazztel en Espagne.

Cela a été un peu plus compliqué que prévu, mais Orange a finalement obtenu le feu vert de la Commission européenne pour racheter l’espagnol Jazztel. Bruxelles a approuvé l’opération mardi, après six mois d’enquête et moyennant quelques concessions de la part d’Orange. Un peu plus, d’ailleurs, que ce que l’opérateur historique français pensait devoir consentir au départ.
La Commission s’est montrée soucieuse de préserver une saine concurrence sur le marché espagnol, désormais structuré autour de trois gros acteurs convergents, c’est-à-dire à la fois présents dans le fixe et dans le mobile : Vodafone-Ono, Orange-Jazztel et Telefonica. Il fallait ainsi donner des «  armes » aux «  petits » du marché. C’est la raison pour laquelle Bruxelles a demandé à Orange à la fois de louer à un concurrent son réseau haut débit (ADSL), de céder 700.000 prises de fibre optique (sur un total de 3,7 millions), mais aussi de donner accès à son réseau mobile à la fois en 2G, 3G et 4G. Objectif : permettre à des acteurs de taille modeste de «  grossir ». Des opérateurs régionaux, comme R ou Euskaltel, pourraient vouloir devenir nationaux. Des opérateurs purement mobiles type Yoigo, ou purement fixes, comme Masmovil, pourraient profiter aussi des réseaux d’Orange pour devenir convergents.
Pour Orange, ces «  remèdes » imposés par la Commission sont un moindre mal. Louer ses réseaux va en effet lui rapporter de l’argent. Quant aux prises à céder sur la fibre, «  ce sont principalement des doublons entre Jazztel et Orange », relativise-t-on chez l’opérateur. «  C’est un succès pour Orange, affirme son PDG Stéphane Richard aux «  Echos ». Et un mouvement stratégique important pour le groupe, qui montre que la Commission ne s’oppose pas à la consolidation du secteur en Europe. » Une idée chère au patron d’Orange.

L’Espagne, deuxième pays d’Orange

L’opération, à 3,4 milliards d’euros, est la plus importante acquisition d’Orange depuis dix ans. Elle devrait permettre de dégager 1,3 milliard d’euros de synergies. Représentant 10 % de son chiffre d’affaires, l’Espagne devient son deuxième marché. Avec Jazztel, les revenus du groupe dans ce pays vont croître mécaniquement de plus d’un milliard d’euros. Orange devrait financer l’opération intégralement en cash, à condition que tous les actionnaires de Jazztel lui apportent leurs titres. Un temps envisagée, l’hypothèse d’une augmentation de capital semble s’éloigner – même si la décision n’est pas actée. La vente d’EE, la filiale d’Orange et Deutsche Telekom en Angleterre, va en effet rapporter plus de 6 milliards d’euros à Orange.
«  On est dans un cycle de recomposition en Europe, il est évident qu’il y aura d’autres opportunités, pour nous et les autres, prévient Stéphane Richard. Orange réaffirme son choix d’être paneuropéen  ». Seul Vodafone a réussi ce pari chez les opérateurs européens. Deutsche Telekom est, lui, plutôt présent en Europe de l’Est. Après sa sortie de Grande-Bretagne, Orange s’oriente vers le Sud, mais aussi vers l’Est. Mais c’est peut-être encore plus au Sud, en Afrique et au Moyen-Orient, là où il est déjà bien présent, que l’opérateur français pourrait bouger prochainement. Le PDG d’Orange désigne ces régions comme «  l’autre théâtre d’opérations » d’Orange, confirmant son intérêt à s’y renforcer.