Exclusif : La fédération des télécoms a quitté le Medef

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Source : usine-digitale.fr (12 juin 2015)
La Fédération française des télécoms (FFT) n’est plus membre du Medef depuis le début de l’année 2015. Pas de désaccord de fond entre les deux organisations patronales, mais des problèmes économiques qui expliquent ce départ, suite aux soubresauts du secteur des télécoms en 2014.
La Fédération française des télécoms (FFT), qui regroupe les principaux opérateurs de téléphonie excepté Free, a suspendu sa participation au Medef début 2015. Son président ne siège donc plus au comité exécutif de l’organisation patronale, récemment renouvelé.

« Nous n’avons aucun désaccord de fond avec le Medef, explique le directeur général de la FFT, Yves Le Mouël, mais un problème économique, et ne pouvons plus verser notre cotisation. » La FFT a vécu en 2014 de gros soubresauts, reflets de ceux de son secteur : après le rachat de SFR par Numericable en 2014, ce dernier a souhaité quitter la FFT. En l’absence de deux gros opérateurs sur quatre (Free étant parti en 2009), la FFT n’aurait plus été représentative, et a envisagé un temps de disparaître.

Mais Bercy, d’autres organisations professionnelles et les associations ont fait pression, souhaitant garder un interlocuteur. Numericable est finalement resté à la FFT, mais a négocié sa cotisation à la baisse – elle aurait été divisée par deux, à 500 000 euros par an. Avec un budget lui aussi divisé par deux (passé à 1,6 million d’euros en 2015), la FFT a dû licencier cinq de ses dix collaborateurs, a changé de président – Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Télécom succède à Pierre Louette, DG ajdoint d’Orange – et suspendu sa cotisation au Medef… Celle-ci était l’une des plus importantes de l’organisation patronale, une des quinze plus grosses selon le Medef, qui ne souhaite pas en divulguer le montant.

Le Medef perd une de ses plus grosses cotisations

La cotisation des fédérations professionnelles est en effet calculée en fonction de la valeur ajoutée des entreprises adhérentes à ces fédérations, et celle-ci est particulièrement forte dans les télécoms. Le Medef, prévenu fin 2014 du souhait de la FFT de suspendre son adhésion, affirme avoir anticipé cette baisse de revenu et ajusté son budget en conséquence. L’organisation patronale se dit plus ennuyée par la non-représentation du secteur dans ses instances que par les effets économiques de cette coupe budgétaire.

FFT et Medef restent en bons termes, et le Medef continue d’écouter et d’inviter la FFT à ses manifestations, et notamment à ses réflexions sur le numérique. « Les discussions peuvent s’ouvrir pour envisager notre retour au Medef, mais l’objectif de l’année 2015 est de sauver la fédération », précise Yves Le Mouël, qui quittera ses fonctions prochainement.

Selon le Medef, ses statuts ne lui permettent pas de faire une ristourne à une fédération pour la faire revenir dans son giron. Que diraient les autres ? Mais une montée progressive des cotisations, sur plusieurs années, pourrait être discutée.

Ce départ de la FFT n’aura pas de conséquences sur la mesure du poids du Medef dans le cadre de la réforme de la représentativité patronale. C’est pourtant début 2016, sur la base des adhésions de 2015, que les commissaires aux comptes vont calculer le nombre d’entreprises représentées par une organisation patronale. « Les grosses entreprises adhérentes à la FFT sont aussi présentes dans l’Unétel, une organisation professionnelle plus large et qui a une vocation sociale, contrairement à la FFT, dont le positionnement est surtout économique », explique le DG de la fédération. Ouf ! Finalement, le Medef a perdu une fédération, mais pas ses adhérents.