Telecoms : pourquoi les associations de consommateurs s’inquiètent d’un retour à trois opérateurs

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Source : france3-regions.francetvinfo.fr (22 juin 2015)
La société Numericable-SFR veut acheter Bouygues Telecom. On passerait alors de quatre à trois opérateurs sur le marché de la téléphonie mobile en France. Les associations de consommateurs ne cachent pas leurs inquiétudes à ce sujet.
Passer de quatre à trois opérateurs, ça change quoi ?

« Le passage de quatre à trois opérateurs entraîne toujours une hausse des prix pour les consommateurs, on a pu l’observer ailleurs en Europe, comme en Autriche dernièrement », explique Cédric Musso, directeur de l’action politique à UFC-Que Choisir. « Cette offre pose bon nombre de questions, nous voulons que le maintien de l’intensité concurrentielle soit garantie par les autorités de régulation », précise-t-il.

Rappelant que l’association de consommateurs s’était « battue pour qu’il y ait une quatrième licence », le responsable d’UFC-Que Choisir estime que « ce sont 13 milliards d’euros de pouvoir d’achat » qui ont été gagnés par les clients depuis l’entrée de Free sur le marché et les baisses de tarifs consécutives. « Lorsque nous n’avions que trois opérateurs, les tarifs étaient plus élevés, sans parler de certaines pratiques d’entente entre les groupes que nous n’avons pas oubliées », rappelle par ailleurs M. Musso.
Pourquoi faut-il préserver la concurrence entre les opérateurs ?

L’association de consommateurs s’inquiète également de la qualité du service, alors qu’une étude réalisée en octobre pointait une « réelle hétérogénéité de la qualité du réseau et même une baisse en ce qui concerne la 3G ». « Lors de notre étude, SFR arrivait en troisième position en termes de qualité de service, avec une détérioration avérée de son réseau. Pour autant, cette qualité aléatoire était également visible chez ses concurrents », précise M. Musso.

La CLCV (Consommation Logement et Cadre de Vie) estime de son côté que « les consommateurs français ont tout à craindre de cette nouvelle concentration du secteur de la téléphonie mobile ». « Il est essentiel de préserver une concurrence accrue entre les opérateurs, elle constitue le seul moyen d’inciter les acteurs à innover et surtout limiter leurs marges au bénéfice de leur pouvoir d’achat », ajoute la CLCV.

Le groupe Altice, propriété de l’homme d’affaires Patrick Drahi et maison mère de Numericable-SFR, a confirmé lundi 22 juin 2015 avoir fait une offre de 10 milliards d’euros pour son concurrent Bouygues Telecom, qui prévoit de réunir son conseil d’administration mardi pour en discuter.
Patrick Drahi, se rendra mardi à Bercy pour rencontrer le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, qui est hostile à l’offre de rachat de Bouygues Telecom par SFR.