Les opérateurs télécoms redoutent un «  décrochage numérique » de l’Europe

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Source : lesechos.fr (13 Novembre 2015)

Selon la FFT, les politiques françaises et européennes sont trop centrées sur la stimulation de la demande et doivent être rééquilibrées dans le sens de l’offre.

N’étouffez pas un secteur qui peut rapporter beaucoup. C’est en substance le message de la Fédération française des télécoms (FFT) aux pouvoirs publics. En plein débat sur la loi «  nouvelles opportunités économiques », dite loi Macron 2, qui compte un important volet numérique, la FFT, qui défend les opérateurs télécoms (Free n’en est cependant pas membre), veut faire entendre sa voix. «   L’orientation générale annoncée par le ministre de l’Economie sonne assez positivement à nos oreilles  », a estimé son président, Didier Casas.

Mais, selon lui, aujourd’hui, les politiques françaises et, aussi, européennes sont «   trop centrées sur la stimulation de la demande  », et notamment la baisse des prix, l’augmentation de la concurrence sur le marché des télécoms, au détriment de l’offre. Résultat, entre 2010 et 2014, les revenus de l’écosystème numérique européen ont reculé de 4 %, alors que dans le même temps, l’écosystème numérique mondial était lui en progression de 5 %, selon une étude réalisée par le cabinet Arthur D. Little, pour la FFT. Sur la même période, en France, les revenus des «  telcos » ont baissé de 17 %.

«   D’ici à dix ans, si on continue, l’Europe n’aura plus les moyens de s’offrir des réseaux d’aussi bonne qualité que les autres pays  », selon Ignacio Garcia Alves, global CEO d’Arthur D. Little, qui pointe un risque de «   décrochage de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis et de l’Asie ». Or, les réseaux de demain, ceux qui concernent la télémédecine par exemple (opération à distance) «   vont être encore plus cruciaux » que ceux d’aujourd’hui.

«  Digital Act »

La FFT appelle ainsi à un «   digital act  » qui, entre autres mesures, «   rassemblerait en un tout cohérent l’ensemble des politiques publiques du numérique  ». Et surtout qui prendrait en compte tous les acteurs du numérique ensemble, start-up, industriels du logiciel et de l’Internet, et en particulier les opérateurs télécoms. «   On est très heureux des multiples mesures prises en faveur des start-up. Mais les télécoms sont le socle de l’écosystème numérique, plus on pèse sur eux, moins on permet aux start-up de croître » , rappelle Didier Casas.

En France les «  telcos » investissement 7 milliards par an. «  Lorsqu’on investit dans les technologies (la fibre, par exemple), les rythmes se comptent sur dix ans ou plus et vous avez en face des cycles réglementaires qui se modifient tous les 3-4 ans : ce n’est pas possible  », regrette le président de la FFT, réclamant «   une forme de moratoire des changements réglementaires s’appliquant aux télécoms  ».

Avec un argument choc : rééquilibrer l’offre et la demande, et stimuler le secteur des télécoms et de l’Internet, permettrait de générer un potentiel de valeur ajoutée de 25 milliards d’euros, selon Arthur D. Little. Il suffirait que la part du secteur des technologies de l’information et de la communication dans le PIB passe de 4 % actuellement à un peu plus de 5,5 %, ce qui correspond à la moyenne de l’OCDE.