Télécoms : vers une vague de fusions transfrontalières

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Source : lesechos.fr (3 Décembre 2015)

Les grands opérateurs européens n’ont pas abandonné leur désir d’expansion sur le continent.

Après plusieurs années marquées par des opérations de consolidation des télécoms «  intra-marchés nationaux », un peu partout dans le monde, désormais, il y a de grandes chances pour que l’on assiste dans les années à venir à une vague de fusions transfrontalières. L’initiative d’Orange, qui selon Reuters a récemment fait savoir qu’il travaillait avec les banques BNP Paribas et Morgan Stanley, pour le conseiller dans sa réflexion face à la consolidation future du marché européen des télécoms, n’est pas passée inaperçue.

Comme d’autres gros opérateurs européens (Vodafone, Telefonica, Deutsche Telekom), le numéro un français des télécoms entend être un acteur majeur dans la création de réseaux paneuropéens. Objectif : bâtir des géants européens à même de rivaliser avec les géants du Net type Google et Facebook, qui viennent jouer sur leur terrain de jeu. «  Pour cela, il faudra qu’il y ait quelques signes que nous nous orientons bien vers un marché unique européen des télécoms, que j’appelle de mes voeux », prévenait Stéphane Richard, le pdg d’Orange, dans nos colonnes ( «  Les Echos » du 9 septembre).

En attendant, plusieurs opérateurs européens font figure de cibles. C’est le cas notamment de Telecom Italia, que semblent se disputer Vivendi et Xavier Niel (lire ci-contre). Après avoir fait valoir, un temps, son intérêt compte tenu de synergies transfrontalières qui pourraient être séduisantes, Orange affirme pour sa part qu’il n’y a à ce stade aucun projet de rapprochement avec l’italien.

KPN et Proximus font figure de cible

Si la consolidation doit avoir lieu, ce sont surtout les petits opérateurs qui seraient fragilisés. Comme le néerlandais KPN ou encore le belge Proximus, qui seraient dans le viseur d’Altice (Numericable-SFR). «  Les petits opérateurs historiques qui n’ont pas réussi à se développer à l’étranger sont en position de faiblesse », confirme Sylvain Chevallier, chez Bearing Point.

Côté acheteurs, outre Orange, Deutsche Telekom est régulièrement cité comme futur acteur de la consolidation. Il ne cache pas son désir de poursuivre son expansion dans les Pays de l’Est. Certains observateurs, comme le courtier Oddo, estiment que l’opérateur allemand pourrait être «  intéressé par l’acquisition de BT à horizon deux-trois ans », dont il gardera une participation (12 %) après la finalisation de la cession de EE. Ce serait toutefois un très gros morceau.

Le mariage du siècle entre Vodafone, roi du mobile, et Liberty Global, roi du câble, n’a pas encore eu lieu. Si les deux groupes ont bien discuté au printemps d’un éventuel rapprochement, ou du moins d’un échange de certaines entités, les négociations ont achoppé sur des questions de valorisation . Elles pourraient donc repartir en fonction de l’évolution des marchés financiers, car les fondamentaux – la convergence entre le fixe et le mobile – restent pertinents.

L’environnement réglementaire sera de toute façon décisif dans le mouvement de consolidation qui pourrait se dessiner. La Commission européenne a récemment mis le holà sur certaines transactions dans les pays de l’Union. Sa réaction pourrait être différente dès lors qu’il s’agit de construire des champions européens des télécoms.