La vente d’EE par Orange aura-t-elle un impact sur l’acquisition de Bouygues Telecom ?

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Source : silicon.fr (15 janvier 2016)

Avec les 4,5 milliards d’euros que rapporteront à Orange la vente d’EE à BT, l’Autorité de la concurrence pourrait céder sa place à Bruxelles dans l’étude du dossier Bouygues Telecom.

Un peu plus d’un an après la signature de vente de EE à BT, l’Autorité de la concurrence et des marchés britannique (CMA) vient d’accorder son feu vert à l’opération. Sans condition. Rappelons que EE est l’opérateur mobile britannique détenu à parts égales par Orange et Deutsche Telekom. Son acquisition permet ainsi à l’opérateur historique fixe britannique de mettre en œuvre une stratégie de convergence. BT sera alors le premier opérateur télécoms convergent au Royaume-Uni.

Cette transaction permettra à Orange de percevoir 3,4 milliards de livres sterling, soit environ 4,5 milliards d’euros, en cash, plus une participation de 4% dans le capital de l’entité BT/EE. Si le montant final des liquidités reste néanmoins soumis à des ajustements, il doit être signé avant la fin de ce mois de janvier.

Deux mois de discussions au plus

Au-delà de venir remplir les caisses d’Orange, cet apport d’argent pourrait avoir une incidence sur le traitement de la potentielle acquisition de Bouygues Telecom autour de laquelle les deux groupes discutent. A savoir quel régulateur du marché étudiera le dossier entre l’Autorité de la concurrence en France et celle de la Commission européenne ? Tout dépendra en fait de la situation du chiffre d’affaires d’Orange au moment de la signature définitive avec Bouygues (si elle a lieu).

Si la majorité des résultats provient de l’activité européenne de l’opérateur historique, alors le dossier Bouygues Telecom sera étudié par Bruxelles. A l’inverse, si l’essentiel du chiffre d’affaires est réalisé en France le jour de la signature, ce sont les sages de la rue de l’Échelle à Paris qui regarderont les conditions de la fusion. Du coup, l’arrivée de 4,5 milliards d’euros pourrait faire pencher la balance du côté européen si l’accord d’acquisition avec Bouygues est signé au-delà du 31 janvier. Lors de sa traditionnelle présentation de ses vœux, le PDG d’Orange Stéphane Richard a déclaré que les discussions pourraient durer quelques semaines, deux mois tout au plus.

Bruxelles ou la France, peu importe

Ce nouveau paramètre dans les comptes d’Orange constituera-t-il un facteur d’accélération de l’acquisition de Bouygues Telecom ? Une idée que réfute l’opérateur historique. « Nous n’avons aucune contrainte de temps et on ne va pas se précipiter pour signer un deal. » Le dossier est en effet complexe et demande du temps en regard des risques concurrentiels qu’il entraine puisque, sur le mobile, le nouvel ensemble détiendrait plus de 50% du marché avec près de 40 millions de clients. Et près de 165 MHz de largeur de bandes de fréquences cumulées quand SFR et Free se contenteraient de 82,6 MHz et 55 MHz respectivement. Enfin, Orange consoliderait un peu plus sa position dominante sur le marché de l’entreprise alors qu’il vient d’être condamné à une amende record pour avoir entravé le développement du marché professionnel. Une situation impensable qui impliquera donc la participation des autres acteurs du secteur pour rendre le projet viable aux yeux des régulateurs.

Par ailleurs, Orange ne semble pas faire grand cas de l’autorité qui sera en charge d’étudier le dossier. « Que ce soit l’Autorité de la concurrence en France ou la Commission européenne, ça ne changera pas grand-chose [aux contraintes appliquées] », assure-t-on du côté de l’opérateur. Il n’en reste pas moins qu’Orange entend bien jouer son rôle de consolidateur du marché en France en préambule d’un mouvement similaire à l’échelle européenne. Depuis des mois, Stéphane Richard ne cesse de plaider en faveur de cette consolidation. « L’opération [avec Bouygues] pourrait être créatrice de valeur pour Orange et bénéfique pour la France sur le plan des investissements », déclarait le PDG lors de sa conférence mardi dernier. Orange présentera ses résultats 2015 le 16 février prochain. L’acquisition de Bouygues Telecom sera-t-elle bouclée d’ici là ?