Le projet de rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom avance

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Source : lesechos.fr (17 janvier 2016)


Paris devrait arbitrer les questions de concurrence. Les discussions avec Free et Numericable-SFR auraient débuté.

C’est une étape de plus de franchie dans l’éventualité d’un mariage entre Orange et Bouygues Telecom. Même si cela se passe outre-Manche. Vendredi, l’Autorité de la concurrence britannique a donné son feu vert au rachat de EE, premier opérateur mobile du Royaume-Uni, par BT. Elle a jugé que le rapprochement, d’un montant de 16 milliards d’euros, ne pénaliserait pas la concurrence puisque cela ne réduit pas le nombre d’acteurs dans le mobile.

Orange est doublement concerné par cette affaire. En tant que co-propriétaire de EE, avec Deutsche Telekom, l’opérateur historique français va pouvoir empocher 3,4 milliards de livres sterling en cash (4,5 milliards d’euros) et une participation de 4 % dans le nouvel ensemble, comme convenu. La transaction devrait être finalisée d’ici à la fin du mois. Mais, surtout, cela éclaire d’un jour nouveau la façon dont pourrait être étudié le rapprochement avec Bouygues Telecom, s’il se concrétise.

Vers un arbitrage français ?

La finalisation de la vente de EE va en effet modifier le périmètre d’Orange. La part de la France dans le chiffre d’affaires européen du groupe devrait désormais dépasser les deux-tiers. C’est justement ce seuil qui permet de définir quelles autorités de concurrence, européennes ou françaises, sont compétentes pour étudier la transaction. Paris devrait ainsi être le seul juge pour un éventuel mariage entre Orange et Bouygues Telecom. C’est à la date de la notification officielle de l’offre de rachat – s’il y en a une – que le périmètre géographique en terme de chiffre d’affaires sera précisément établi.

Bruxelles ou Paris, Stéphane Richard, le PDG d’Orange, a toujours dit que cela ne changerait pas grand-chose. Mais bon nombre d’observateurs estiment que ce serait tout de même plus facile de traiter avec l’Autorité française, qui pourrait être plus conciliante pour passer de quatre à trois opérateurs. «   Si Bruno Lasserre (ndlr, président de l’Autorité de la concurrence) avait voulu bloquer l’opération, il l’aurait déjà fait savoir », estime un bon connaisseur du secteur. Qui ajoute toutefois que « les remèdes apportés devront être sérieux ».

Des intérêts communs

A ce sujet, des discussions informelles auraient déjà été entamées entre l’opérateur historique et ses concurrents Free et Numericable-SFR, selon l’agence Reuters. «   Elles sont très préliminaires à ce stade », confie une source proche du dossier. Les négociations vont porter sur la nature des actifs de Bouygues Telecom à céder, et à quel prix. Les choses devraient aller vite. «   Ce n’est pas dur de séparer Bouygues Telecom en morceaux. Tout le monde a déjà travaillé sur le sujet depuis deux ans », indique une autre source. L ’extinction progressive de l’itinérance entre Free et Orange, voulue par l’Arcep, renforce en outre l’intérêt du premier à racheter une partie du réseau de Bouygues Telecom, afin de pouvoir être rapidement autonome. Si les discussions avancent bien, une décision sur le projet de rapprochement pourrait être annoncée avant la publication des résultats annuels d’Orange, prévue le 16 février.