Retraites  : des projections de moins en moins roses

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Source :  lefigaro.fr/retraite (19 janvier 2016)

Le Conseil d’orientation des retraites observe, dans un document de travail, qu’il dégrade constamment ses hypothèses de croissance et de chômage.
Les hypothèses économiques sont un des éléments essentiels pour estimer à moyen et long terme la santé du système de retraites. En France, le Conseil d’orientation des retraites (COR), chargé de ce travail, a souvent été jugé trop optimiste en la matière. La réalité, c’est qu’il l’est de moins en moins. Dans un document de travail élaboré par ses soins et dont Le Figaro a obtenu copie, il observe qu’il a constamment dégradé ses hypothèses de croissance et de chômage sous-tendant ses projections financières sur le système de retraites.
Sa variante « optimiste» est passée d’un taux de chômage à long terme de 3 % en 2001 à 4,5 % en 2015. Une hypothèse qu’il qualifie d’ailleurs volontiers de « volontariste», mais qui est aussi utilisée dans son scénario de référence, dit « scénario B». Quant à la projection « pessimiste», elle a été construite sur une hypothèse de taux de chômage révisée de 7 % en 2001, à 10 % dans ses derniers rapports. Les hypothèses de croissance de la productivité, autre facteur clé pour anticiper la santé future des retraites, suivent la même tendance.
Surtout, l’équivalent européen du COR, l’Ageing Working Group, se montre bien moins enthousiaste sur les capacités de la France à rebondir. Il table sur un taux de chômage à long terme de 7,5 %. Ce chiffre se situe toutefois lui aussi en deçà du taux de chômage d’équilibre français tel que calculé par l’OCDE, soit 8,5 %. Presque deux fois plus que dans le scénario de référence du COR! Au total, relève le Conseil d’orientation, les autres pays développés utilisent comme lui une hypothèse de croissance plutôt optimiste pour élaborer leurs perspectives financières des retraites. Mais, en matière de chômage, ils se montrent beaucoup plus réalistes.