Salaires des fonctionnaires : le gouvernement lâche du lest

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Source : liberation.fr (17 mars 2016)

Le point d’indice serait relevé, en deux temps, de 1,2%. Une mesure censée répondre à une progression moins rapide, ces dernières années, des rémunérations des agents publics par rapport à leurs collègues du privé.

Après six années de gel, le point d’indice des fonctionnaires repart à la hausse. Annoncée ce jeudi aux fédérations syndicales par la ministre de la Fonction publique, Annick Girardin, cette majoration de 1,2% interviendra en deux temps : +0,6% à compter du 1er juillet 2016, puis à nouveau +0,6% à partir du 1er février 2017. La proposition initiale de la ministre, en début de matinée, se limitait à 1%. Le coût pour l’Etat de la mesure serait de 2,4 milliards, selon le chiffrage du gouvernement. Ce geste est censé répondre à plusieurs années de baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires, régulièrement dénoncée par les syndicats.

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Un pouvoir d’achat en baisse dans la fonction publique ? Pas si simple. Selon la Cour des comptes, le salaire moyen brut en équivalent temps plein des agents de l’Etat a augmenté, en moyenne, de 0,2% par an en termes réels (déduction faite de l’inflation) sur la décennie 2003-2013. Et l’évolution est sensiblement la même dans les deux autres fonctions publiques. Cette progression a cependant « nettement ralenti» depuis 2010, avec même une diminution en 2011, 2012 et 2013. A titre de comparaison, et sur la même période, la rémunération dans le secteur privé a progressé de 0,5% par an.

Cette faible évolution – voire cette baisse, sur les dernières années – du salaire moyen, doit cependant être relativisée. Car elle relève, en partie, d’un « effet noria», lié aux nombreux départs à la retraite. Autrement dit, des agents âgés et avec un salaire de fin de carrière sont remplacés par de jeunes recrues aux rémunérations plus faibles. Ainsi, si on se limite à la rémunération moyenne des personnes en place (RMPP), qui concerne les seuls agents en poste deux années de suite, la hausse est plus importante (1,6% par an en termes réels), « témoignant de gains individuels de pouvoirs d’achat en moyenne», selon la Cour des comptes. Même sur la période récente, ces fonctionnaires en poste ont continué, à un rythme moins important, à voir leur revenu progresser plus vite que l’inflation (+0,8% en moyenne entre 2009 et 2013). Reste que même pour cette catégorie, le ralentissement demeure plus prononcé que pour les salariés du privé.