Retraite : les Français préfèrent la capitalisation que le recul de l’âge de départ

Archives Les Brèves

Source : francesoir.fr (2 juin 2016)

Les futurs retraités sont attachés à un départ précoce. Pas question pour la majorité de repousser l’âge où une sortie de la vie active est possible. Les Français préfèreront majoritairement recourir à des systèmes privés, qui leur semblent de plus en plus acceptables.

Qui a dit que les Français refuseraient un système de retraite par capitalisation? Même si une partie des Français y est encore opposée, cette perspective fait bien moins peur que la possibilité de voir l’âge de la retraite repoussée pour pouvoir maintenir m’équilibre des caisses de retraite.

Selon un sondage du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique (Cecop), pour le Cercle de l’épargne, 66% des Français sont favorables au développement des fonds de pension pour financer les retraites hexagonales. Ce chiffre n’est même plus réellement générateur de clivage (59% des gens se déclarant « de gauche » y sont favorables, contre 70% des gens « de droite »).

A l’inverse, la crainte qui traverse le plus la société française sur la question est assurément la perspective de voir l’âge de départ repoussé, même si cela contribuerait à l’équilibre d’un système solidaire. Dans un pays où l’âge pour pouvoir prétendre à une retraite à taux plein (sous réserve d’avoir le nombre de trimestres requis) est maintenant de 62 ans, l’idée de partir autour de la soixantaine reste un désir largement partagé. Ainsi 60% des Français se déclarent opposés à un report de l’âge légal de 62 à 65 ans. Et même si 72% des Français prévoient que leur pension sera sans doute insuffisante pour vivre correctement, un sur deux n’envisage pas de travailler plus longtemps pour essayer de l’améliorer.

« Ces résultats montrent surtout un attachement très fort des Français à la possibilité de partir tôt à la retraite, avec l’idée qu’ils sont même prêts pour cela à accepter des fonds de pension » explique à FranceSoir Philippe Crevel, économiste et secrétaire général du Cercle de l’Épargne. « Il faut donc plus considérer ce chiffre comme une concession, pour garder un âge de départ précoce, que comme un réel engouement. Et nos observations montrent que si les Français peuvent s’ouvrir aux fonds de pension, ils rechignent à ce que toute leur retraite soit aux mains du privé ».

D’autant que si les Français ne boudent pas l’idée de capitaliser sur des produits d’épargne pour financer leur retraite, ils restent encore majoritairement attachés à l’immobilier (65% des sondés jugent ce placement intéressant) et l’assurance-vie (84%). Or, ces investissements restent certes sécurisants, mais à faible rendement. Il en faudra plus pour envisager une vraie transition. « La retraite par capitalisation n’a pas à être entièrement adossée à des produits à risque. Et l‘attachement à l’immobilier comme produit d’épargne aussi d’une période de très forte plus value immobilière. On en sort, et les mentalités vont commencer à évoluer ». Reste à voir si l’offre politique, qui ne conçoit que l‘âge de départ et le niveau des pensions comme variables d’ajustement, saura s’adapter à cette nouvelle donne.

> Enquête menée auprès d’un échantillon de 1.003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Le terrain d’enquête a été confié à l’Institut français d’opinion politique (Ifop).