Burn out : les symptômes à guetter pour le démasquer à temps

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Source : cosmopolitan.fr (6 juin 2016)

La fatigue et le stress au travail ne sont pas forcément synonymes de burn-out, mais peuvent y mener. Découvrez les symptômes du burn-out, pour le repérer à temps et le prévenir, grâce à Pierre-Eric Sutter, psychologue du travail et auteur de « Travailler sans s’épuiser ».

Ne pas confondre le burn-out avec d’autres pathologies liées au travail

On a un peu tendance à utiliser le terme « burn-out » à tort et à travers. Or, il existe d’autres périodes difficiles au travail qui ne caractérisent pas forcément un burn-out.

C’est le cas de la fatigue, l’insatisfaction, la démotivation, la surcharge de travail épisodique, le surmenage ou le stress aigu. Ce qui rend le burn-out si difficile à identifier, c’est qu’il existe plus d’une centaine de définitions de ce phénomène.

La plus simple, inspirée du chercheur néerlandais Schaufeli, est la suivante : « Processus conduisant à un état d’épuisement physique, émotionnel et mental résultant d’une exposition à des situations émotionnellement exigeantes ».

Repérer les symptômes complexes et nombreux du burn-out

L’état actuel des recherches mentionne environ 130 symptômes caractérisant le burn-out, répartis en 5 catégories : physique, émotionnelle, interindividuelle (qui concerne les rapports entre individus), attitudinale (qui concerne les valeurs et les croyances sur soi au travail) et comportementale (qui concerne son rapport à l’action concrète).

Deux choses sont essentielles pour établir un diagnostic : ce qui distingue le burn-out des périodes de fatigue au bureau, c’est que les symptômes y sont aigus et chroniques (récurrents, persistants, envahissants). D’autre part, ils ne doivent pas forcément être tous réunis pour pouvoir parler d’un burn-out.

Même s’ils ne suffisent pas à établir un diagnostic, il faut surveiller un certain nombre de signes avant-coureurs, pour ne pas basculer vers un burn-out. En effet, il s’agit d’un processus en quatre phases bien distinctes, et on parle d’état de « burn-out » lors du glissement vers la phase 4.

Le burn-out : un processus par étapes

La première phase est celle du plaisir et de l’engagement : le travailleur apprécie de se donner à fond dans sa tâche. Toujours partant pour en faire plus, il est reconnu comme un bon professionnel – parfois un peu trop exigeant -, mais on sait qu’on peut toujours compter sur lui pour les coups durs.

En phase 2, le « surengagement » : c’est l’état vers lequel le travailleur bascule lorsqu’il doit faire face à des nouveaux objectifs ou enjeux. Obligé de fournir plus de travail et d’efforts, il ne parvient pas à atteindre ses objectifs comme précédemment, en termes de qualité comme de quantité.

Les premiers signes apparaissent : plus de présence au boulot (il est le premier arrivé et le dernier reparti), moins de temps de pause, coups de bourre de plus en plus fréquents, dossiers emportés à la maison, premiers énervements, sommeil agité…

Si ces nouveaux objectifs ou enjeux ne sont pas résolus, c’est dans la phase 3 que les signes se renforcent ou s’aggravent, pouvant aboutir à un glissement vers les symptômes de la dépression.

Fatigue, angoisse, isolement… Attention au glissement vers le burn-out

Psychiquement, il s’emporte de plus en plus souvent : colères, crises de larmes ou prostrations soudaines. À force d’exigence (vis à vis de lui-même et d’autrui), il devient difficile à gérer pour ses collègues qui finissent par s’éloigner, augmentant la sensation d’isolement.

Dans cet état de confusion, il commet des erreurs de débutant et ne parvient même plus à faire ce qui lui semblait si facile auparavant. En conséquence, il doute de plus en plus de lui, et perd en « self estime ».

Au niveau mental, son idéal de soi, véritable tyran intérieur, exige toujours plus de lui-même, alors que ses ressources s’amenuisent. Le travailleur doute de lui, mais aussi du « système » : son employeur, l’organisation, les actionnaires… Tout lui semble absurde, y compris son rôle dans l’entreprise.

La phase 4, étape de l’épuisement, est celle qui détermine le burn-out. Le travailleur est à bout. Â bout de souffle, à bout de nerf, à bout d’idéaux. Dans l’incapacité d’aller travailler, il doit être arrêté voire hospitalisé.