LE BROWN-OUT, DIGNE SUCCESSEUR DU BURN-OUT ET DU BORE-OUT

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Source : cgqmagazine.fr (14 octobre 2016)

Deux chercheurs britannique et suédois ont mis en lumière cette nouvelle pathologie qui toucherait des salariés fatigués par des tâches quotidiennes aberrantes et absurdes. Prochain mal du siècle et des open-spaces, le brown-out devrait être un terrain plein d’avenir pour l’industrie pharmaceutique et les gourous du développement personnel.

Pour rappel, le célèbre burn-out, ou plutôt syndrôme d’épuisement professionnel, a fait son apparition à la fin du siècle dernier. Caractérisé par un état de fatigue généralisé à la suite d’un excès d’investissement, de tâches à accomplir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, le burn-out aurait tendance à réduire l’employé sur-vitaminé à un état de loque ambulante. A l’inverse, le bore-out amènerait le salarié au même état psychique dévasté, mais, par l’ennui, le manque cruel de travail et l’absence de satisfaction professionnelle.

Et pour ceux qui auraient réussi à passer entre les mailles des deux premiers, rassurez-vous, vous n’êtes pas à l’abri d’une nouvelle torture mentale au bureau. Appelé le brown-out, cette « baisse de courant » (psychique) serait provoquée par l’incompréhension d’un monde du travail absurde. Durkheim nous avait déjà prévenu. L’anomie sociale, la perte de normes et de repères, serait le prochain mal du siècle. Il semblerait que le brow-out en soit un nouveau symptôme. Le salarié, obligé de réaliser des missions qu’il juge plus absurdes les unes que les autres, des tâches qui rentrent en opposition avec ses valeurs et ses idéaux, est alors sujet à un désinvestissement progressif. Planifier la production d’armes de destruction massives, mettre la pression sur ses subalternes, privilégier la froide logique du chiffre au détriment de valeurs morales, … les possibilités de consumer ce qu’on appellerait son amour-propre et son éthique professionnelle sont pléthores dans le monde du travail contemporain.

Théorisé par André Spicer et Mats Alvesson dans leur ouvrage The Stupidity Paradox, le brown-out devrait faire les choux gras de toute une myriade d’industriels, développeurs personnels et autres psys. Une chose est sûr, le monde du travail reste productif, en pathologies psychiques certes, mais productif.