Et si les programmes RH pour séduire les jeunes salariés avaient tout faux

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Source : lusine-digitale.fr (04 novembre 2016)

Entre les jeunes et les entreprises, l’incompréhension se confirme, selon la dernière étude réalisée par Willis Towers Watson. On y découvre des jeunes à la fois stressés, inquiets pour leur situation financière actuelle et à venir. Or, les entreprises ne perçoivent pas cette réalité, travaillant plutôt sur les causes du stress des plus âgés.

Ça ne s’arrange pas entre l’entreprise et les jeunes salariés de la prétendue génération Y, si l’on en croit une étude réalisée par Willis Towers Watson. On savait notamment que les jeunes diplômés avaient de plus en plus de mal à se reconnaître dans les parcours proposés par maintes grandes entreprises.

Voilà qu’on découvre que ceux-ci qui y travaillent malgré tout ne sont pas à l’aise dans leurs baskets. L’entreprise, ça leur colle le seum (expression de 2014 bien connue des moins de 20 ans signifiant un malaise, un état déprimant, voire une certaine colère).

LES JEUNES, DES FRANÇAIS PESSIMISTES COMME LES AUTRES ?

L’étude indique que plus d’un jeune sur deux (53 %) déclare subir une pression croissante sur son lieu de travail. La proportion décroît à mesure qu’avancent les années : ils ne sont plus que 45 % dans la génération X et 37 % pour les baby-boomers. Quand Willis Towers Watson s’interroge sur les causes de ce stress, les jeunes lui répondent que la faible rémunération, les effectifs insuffisants et le déséquilibre entre la vie privée et la vie professionnelle sont le tiercé perdant.

Rien d’étonnant si le reste de l’étude montre des jeunes plutôt angoissés pour leur avenir. Ils sont 63 % à se dire inquiets pour leur situation financière, quand les baby-boomers ne sont que 57 %. Intermédiaires entre les deux (les X nés dans les années 70-80) sont 69 % à s’inquiéter, le record ! Qui va payer nos retraites semble être le sous-texte de cette réponse angoissée. Pour revenir aux plus jeunes, l’inquiétude pourrait bien être aussi à moyen terme. En effet, alors que six sur dix sont inquiets, la part de ceux qui disent avoir des difficultés financières est de 20 %, soit un jeune sur cinq qui travaille !

Les jeunes et les directions ne voient pas la même chose

Comme souvent avec ses enquêtes, les réponses fournies par les employeurs ou les RH montrent la largeur du gouffre qui sépare les perceptions des uns de la réalité des autres. Depuis plusieurs années, les entreprises fournissent d’importants efforts pour attirer celles et ceux qu’elles nomment des jeunes talents, avec des programmes diverses et variés. Pour les entreprises interrogées par Willis Towers Watson, le stress provient d’abord du déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle ou des trop nombreux changements organisationnels, deux facteurs qui comptent… mais pour les salariés les plus âgés. Pour les directions, la faiblesse de la rémunération n’arrive qu’à la treizième position des facteurs de stress.

Or l’étude de Willis Towers Watson indique que « les employés qui subissent un stress important perdent près de deux fois plus de journée de travail, que ce soit sous forme d’absentéisme ou de présentéisme, et courent près de deux fois plus de risques d’avoir des problèmes de santé et de se désintéresser de leur travail que leurs collègues peu stressés ». C’est donc un cercle vicieux qui s’est mis en place : dans un contexte économique difficile, les entreprises modèrent les augmentations de salaire, ce qui crée un stress qui, à son tour, provoque arrêt maladie et absentéisme. Mais comment dit-on chez les jeunes, faire des économies de bout de chandelle ?