A quatre ans du lancement, la bataille de la 5G fait déjà rage dans les télécoms

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Source : lesechos.fr (21 novembre 2016)

Les spécifications de la nouvelle génération de technologies mobiles ne seront pas prêtes avant fin 2019. Certains choix doivent être arrêtés dès maintenant.

C’est la technologie du futur dans les télécoms. Mais le futur, en cette fin d’année 2016, n’a jamais été aussi proche. Opérateurs, équipementiers, industriels… tous les professionnels du secteur sont déjà dans les starting-blocks pour la 5G. Pas un colloque télécoms qui ne parle du sujet. La 5G était encore à l’honneur la semaine dernière à l’occasion du Digiworld organisé par l’Idate à Montpellier. Car si le lancement commercial officiel ne se fera pas avant 2020, d’ici là, le calendrier s’annonce riche en tests et expérimentations techniques. Et certains choix doivent être arrêtés dès maintenant pour éviter tout retard.

La 5G est d’abord une évolution technologique de la 4G actuelle. Elle permettra ainsi d’améliorer les débits et d’atteindre 100 Gbit/s en mobilité, soit 1.000 fois plus que les réseaux actuels. Elle devrait permettre aussi de connecter sur les réseaux un nombre exponentiel d’appareils, et favoriser ainsi le développement de l’Internet des objets. Elle devrait enfin réduire toujours plus le temps de latence, ce délai nécessaire pour recevoir ou envoyer une information, et qui devrait tomber sous la milliseconde (contre 40 aujourd’hui).

Un besoin d’harmonisation

La bataille se joue sur les standards et les normes techniques qui définiront au niveau mondial la 5G. « De très nombreux acteurs sont impliqués : les autorités de régulation, les opérateurs et fournisseurs de services, les équipementiers ou encore les éditeurs de logiciels. C’est un processus long et complexe », explique ­Frédéric Pujol, consultant à l’Idate. C’est à la fin de l’année 2019 que l’Union Internationale des Télécoms dira clairement ce qu’est la 5G.

Parmi les sujets à régler rapidement figure celui du spectre hertzien. Des bandes de fréquences doivent être allouées pour écouler le trafic de datas. Les fréquences hautes (au-delà de 6 GHz) pourront notamment être utilisées pour la 5G. Mais les bandes peuvent varier d’une région à l’autre.

Besoin d’harmonisation

« Il y aura un besoin d’harmonisation au niveau mondial d’ici à 2019. Mais le problème doit d’abord être traité aux niveaux continental et national. C’est maintenant que cela se décide », prévient Gilles Brégant, le directeur de l’ANFR, l’agence nationale des fréquences. Présent à l’Idate, celui-ci a rappelé l’enjeu que représente la mise à disposition du spectre, une ressource rare : « Pour bien l’utiliser, il faut savoir à quoi il va véritablement servir. C’est bientôt Noël, c’est le moment ou jamais pour les acteurs de dresser la liste de leurs souhaits. »

Opérateurs et équipementiers n’ont pas attendu la définition des normes pour lancer de premières expérimentations et le faire savoir. « Les opérateurs américains mettent les bouchées doubles sur la 5G », remarque Frédéric Pujol. ATT a effectué de premiers tests au printemps et devrait en faire d’autres dans les prochains mois. Verizon est aussi très actif dans ses labos.

Respecter le calendrier

Les Coréens ne sont pas en reste. SK Telecom a réalisé ses premières démonstrations sur des fréquences 28 GHz. L’objectif reste de pouvoir offrir de la 5G grandeur nature lors des J.O. d’hiver qui auront lieu en février 2018 en Corée. Les industriels mettent aussi la main à la pâte. Le numéro un des puces pour mobiles, Qualcomm, a dévoilé la semaine dernière son premier modem 5G, qui devrait être commercialisé dès l’an prochain.

En Europe, les travaux avancent aussi, notamment du côté des équipementiers Ericsson et Nokia. La Commission européenne a fixé de grandes ambitions. Mais les industriels s’agacent un peu de l’activisme de leurs concurrents américains et asiatiques.

« Il faut éviter les annonces prématurées. Tout lancement commercial ne peut avoir lieu avant 2020 et la définition des normes. Avant cela, ce n’est pas de la vraie 5G, mais une 5G en test », prévient Jean-Pierre ­Bienaimé, le secrétaire général de la 5G Infrastructure Association, qui regroupe opérateurs, entreprises et instituts de recherche du Vieux Continent. « C’est important de respecter le calendrier si l’on veut avoir une 5G propre et non édulcorée. » Dans les nouvelles technologies, la concurrence se joue aussi au niveau des Etats.