Un programme teste le télétravail à l’autre bout du monde

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Source : lefigaro .fr (07 décembre 2016)

« Remote year program.» C’est le nom de cette organisation américaine qui propose à ses participants un télétravail longue durée et longue distance : voyager dans douze ville en douze mois.

Vous avez toujours rêvé d’un road-trip aux États-Unis ou en Asie, mais votre travail vous contraint à ne prendre que les deux semaines – voire le mois, pour les plus chanceux – de vacances estivales? Le Wall Street Journal dévoile dans ses colonnes une solution pour combler vos envies de voyages tout en gardant votre job. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du concept : voyager et travailler en même temps. Une sorte de télétravail de l’extrême, qui est pour le moment un ovni pour les services RH traditionnels. Son nom : « Remote year program», que l’on peut traduire par « une année à distance.» Ou fausse année sabbatique! Un luxe?

C’est le quotidien d’une centaine de personnes inscrites à ce programme innovant : travailler depuis un transat, sur un voilier, ou au bord d’un lac de montagne. Les profils des participants sont variés. Parmi eux, Jeremy, un analyste financier de 26 ans dont l’entreprise se situe dans le comté de Westchester – État de New York – dans l’ouest des États-Unis. Cet été, il a bouclé un projet tout en voguant sur les flots de la mer Adriatique, sur les côtes de la Croatie. Les participants voyagent dans douze villes différentes en 12 mois, et doivent prouver à leur hiérarchie qu’ils vont rester productif. Parmi les entreprises qui se prêtent au jeu, on trouve par exemple AOL ou IBM.

300.000 candidatures reçues

Est-ce une vision prospective du travail? Selon Greg Caplan, le co-fondateur de « Remote year program», l’objectif est de promouvoir la « flexibilité» et de montrer que l’époque où les collaborateurs travaillent exclusivement depuis une entreprise et un bureau physique est en passe d’être révolu, à l’ère des mails, réseaux sociaux, visio-conférences, et autres canaux de communication high-tech. Son programme rencontre un réel succès : près de 300.000 candidatures ont été reçues et environ 500 télétravailleurs de l’extrême – ou ces « digital nomads», comme ils se qualifient eux-mêmes – sont partis sur les routes du monde depuis 2015. Greg Caplan espère doubler ce chiffre en 2017. Sa société vient de boucler une levée de fonds de 12 millions de dollars.

Les participants (qui ont entre 25 et 35 ans) ne partent pas les mains vides : ils disposent de 5000 dollars d’avance et 2000 dollars mensuels afin de couvrir le coût du voyage, l’hébergement, l’espace de travail et leurs activités. « Je pensais que télétravailler en voyage n’allait strictement rien changer», explique pour sa part Martin, un ingénieur habitué à travailler en télétravail pour son employeur Rackspace. Erreur. Travailler dépaysé, c’est bel et bien une expérience différente. « Se mettre au travail peut être difficile, et la coordination avec ses collaborateurs à travers les fuseaux horaires est un exercice difficile à maîtriser, observe Greg Caplan. Mais les outils du web tels que l’application de messagerie Slack et des services comme Google Drive facilitent la collaboration à distance.»

Dépaysement et travail peuvent donc faire bon ménage. Toutefois, il faut bien garder une chose en tête : l’expérience ne dure qu’un an. « Vous devez vous rappeler que vous avez toujours un travail», s’amuse Jeremy. Traduction : depuis votre hamac ou sur un transat, vous ne devez pas perdre de vue que vous avez toujours une entreprise physique, avec un bureau et des collègues qui n’attendent que votre retour!