Le secrétaire d’État chargé de la fonction publique reste optimiste sur la réduction du nombre de fonctionnaires sur le quinquennat mais indique que le gouvernement n’en fait pas « l’alpha et l’oméga» de sa politique. En 2018, seules 1600 suppressions de postes ont été programmées dans la fonction publique d’État.
C’est une promesse en demi-teinte. Le gouvernement garde toujours l’objectif de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires d’ici la fin du quinquennat, mais n’en fait pas « l’alpha et l’oméga» de sa politique en la matière, assure une nouvelle fois ce lundi matin le secrétaire d’État chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, dans les colonnes des Échos et sur le plateau de Public Sénat.
Le gouvernement veut-il rassurer les fonctionnaires, ou prépare-t-il les esprits à ce que l’objectif de suppression de 120.00 postes reste finalement un voeu pieux, alors que la réduction du nombre de fonctionnaires était un engagement clair d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle?
Dans le détail, le plan du gouvernement prévoit la suppression de 50.000 postes dans la fonction publique d’État et 70.000 postes dans les collectivités territoriales d’ici 2022. « L’objectif – de supprimer 50.000 postes de fonctionnaires de l’Etat durant le quinquennat – est largement atteignable mais il n’est pas l’alpha et l’oméga de notre politique», a indiqué le secrétaire d’État dans Les Echos. Concernant l’objectif de baisse de 70.000 postes dans les collectivités territoriales, Olivier Dussopt a indiqué faire « confiance aux collectivités pour y parvenir».
Faire confiance aux collectivités pour se réformer
Pour la fonction publique d’État, en 2019 ce sont 4500 postes qui l’exécutif a prévu de supprimer, sur 60.000 départs à la retraite prévus. Si le gouvernement veut remplir son objectif de diminution de 50.000 postes de fonctionnaires dans cette sphère, il ne restera ensuite plus que 2020, 2021 et 2022 pour supprimer 44.000 postes. En 2020, le chiffre de 10.000 suppressions est évoqué. Interrogé sur ces timides débuts sur le plateau de Public Sénat, Olivier Dussopt jure d’abord ne pas vouloir réitérer les erreurs du passé, en référence aux réformes de 2007-2012 : « Il fut un temps ou on disait ‘débrouillez-vous avec 10.000 postes en moins’. Nous, nous regardons l’organisation et ensuite nous regardons les effectifs».
L’argument est certes recevable mais vient contredire les annonces chiffrées faites lors de l’élection présidentielle. Par ailleurs, le ministre n’a pas détaillé ces « audits» administratifs et leurs résultats éventuels.
En ce qui concerne les collectivités territoriales, le ministre rappelle qu’ « il y a un principe de libre administration que nous respectons. […] Nous avons fait le choix de maintenir les dotations». Aux établissements publics, régions ou autres échelons de se réformer. L’ancien maire d’Annonay (Ardèche) se dit « convaincu» que les départs à la retraite conjugués à l’amélioration de la productivité (par la numérisation notamment) vont amener les collectivités à maigrir. Et de citer les bons résultats obtenus dans les fermetures de centres de perception des impôts, commencées avant le gouvernement actuel.
Le secrétaire d’État est plus disert lorsqu’il aborde la réforme structurelle de l’administration publique et les plans de modernisation des carrières des agents. La « situation entre femmes et hommes» doit être remise à plat, notamment en ce qui concerne les postes de direction : le système d’amende en cas de nominations non paritaires est ainsi amené à être généralisé. En ce qui concerne l’évolution de carrière, l’ancien socialiste souhaite que le congé parental de longue durée, souvent pris par les mères, ne se révèle pas être un frein à l’avancement.
Si toutes ces évolutions peuvent convenir au corps des fonctionnaires, et surtout à ses syndicats, ces derniers n’oublieront pas les objectifs latents du gouvernement de ramener l’administration du pays à des niveaux plus raisonnables. Car malgré les propos prudents d’Olivier Dussopt, quelques manoeuvres plus concrètes semblent néanmoins avoir commencé. Preuve en est l’envoi récent par Édouard Philippe d’une « lettre de cadrage» demandant la suppression de 1600 postes au ministère des sports d’ici 2022. Une lettre rendue publique vendredi dernier, et qui a suscité de nombreuses réactions ce week-end. Plusieurs commentateurs y voient ainsi un « très mauvais signal» en vue des Jeux Olympiques de 2024 à Paris. Pourtant, une enveloppe totale de 6,8 milliards d’euros est programmée pour cet événement précis, dont 1,4 milliard d’euros d’argent public.
Source : lefigaro.fr(11 septembre 2018)